mercredi 18 janvier 2012

Les oubliettes

J’ai pris une très grande résolution en prenant la résolution de ne pas prendre de résolution cette année. Comme par hasard, la seule fois où j’en prends pas, je m’y tiens. Et avec tout ça en plus je me muscle le dos pour corriger ma petite cyphose, je marche, je mange des fruits (même si c’est dangereux pour santé), je vais aux examens les mains dans les poches une heure moins tôt que d’habitude, je change de forfait de téléphone, je peins, je retourne la Smerra (enfin bientôt), et surtout, comble de la liberté, je porte mon masque de plongée pour éplucher les oignons. C’est ça la vie. C’est ça s’affranchir du regard des autres (du moins quand ils sont pas là).

Ah la gratinée c’est quand même tout un concept. Enfin un concept auquel il manquera toute la vie un morceau, celui de ta recette que je n’aurais plus jamais l’occasion d’apprendre, et qui de toutes, était incontestablement la meilleure.

La peinture à l'huile c'est de la merde

Mais c'est bien plus beau que la peinture à l'eau.

Ce soir, j’ai peint jusqu’à m’en faire éclater les vaisseaux des yeux. A force d’huile de lin et de white spirit, j’ai l’esprit aussi blanc que lui, et une comète rouge qui part de l’iris et qui fuse vers la périphérie. C’est ce que je vois dans le miroir de la salle de bain, au-dessus du lavabo devenu rose tellement la peinture c’est trop sale. Au moins ces heures de colliers de nouilles et de barbouillage ont eu raison de ce projet qui tourne en boucle dans ma tête et qui en devient un poids si lourd que la maladie menace. Stop. Prends deux minutes. Ou tu vas mourir (mais au fond la mort c’est jamais qu’une grande sieste sans crampe aux jambes non ?). J’aurais pu naître aux quatre coins du monde et je suis née que dans un, celui-là en plus, et vas-y que j'te balargue dans les terres froides de l’Isère. Les inter-saisons boueuses et humides, le brouillard et le paysage trempé. De toute la terre, c’est ici que je vis (aujourd’hui en tous cas). Je vois les gens, le paysage, le train-train et de plus en plus j’appartiens à un autre monde, un monde où je suis la seule à vivre sous ces latitudes. Mais l’heure n’est pas aux comptes avec la vie mais à laver les pinceaux, le pire moment qui soit, celui où je jure que plus jamais au grand jamais je ne ferai une chose aussi coûteuse que de la peinture à l'huile (c'est vraiment huileux malgré tout ce qu'on en dit). Et plus tard, quand l’horreur de l’effort est passé, je le refais, je re déteste, je re-refais, je re-re déteste. Et c’est ainsi jusqu’à la mort.