Tu refuses de faire la course
contre moi.
Dans un premier temps seulement,
parce que ma déception provoque toujours une réaction de sursaut chez les
autres. Puis tu me glisses à l’oreille « tu ne m’attraperas jamais »
avant de partir comme un dingue au milieu du champ de pissenlits. Une fraction
de seconde pour comprendre que le jeu a commencé, et je me lance à ta poursuite
de toutes mes forces (je comprends ce que tu ressens) parmi les herbes hautes. Tu
as raison, je ne t’attraperai jamais. Tu cours trop vite. Je suis bonne au
sprint mais jamais suffisamment pour espérer te rattraper. Même si je marche
sur une vipère, me tords la cheville dans un ruisseau, tombe dans un gouffre,
me griffe les tibias dans les ronces ou l’aubépine.
Plus rien de tout ça ne me fait
peur. Tu es loin mais je suis têtue. Mon souffle devient anarchique, mon cœur
en feu, et des petits phosphènes dansent dans le paysage doré. Je ne lâcherai
pas. Parce que je t’aime, parce que j’aime les courses folles, et que j’ai
besoin de ces quarts d’heure de folie furieuse pour rester heureuse. Tu le
sais, et tu fais demi-tour soudainement, pour m’éviter la crise cardiaque de la
bourrique. Tu fonces sur moi, je crie parce que je ne supporte pas qu’on me
coure après (je préfère qu’on me coure avant) et me jettes sur ton épaule comme
on endosse son sac de sport. Tu me malmènes, je hurle, je ne peux pas m’en
passer.
Tellement de fois, des hurlements
en provenance de mes veines, des bulles, où tu restes concentré et sérieux
alors que je perds le nord. Des pétages de plombs réguliers, sous l’œil d’abord
interloqué puis désespéré de nos familles et amis.
Aujourd’hui, une lettre d’adieu
dans ma boîte aux lettres, ton écriture fine et sans vague sous une mention by air mail, un timbre pour financer la
recherche contre le cancer. Et c’est juste impossible.
Je l’ai lue d’une traite, en
sautant plus de la moitié des mots et n’ai jamais eu la force de la relire. Les
soirs de grande fatigue, je suis attirée par l’endroit où elle se trouve comme
un aimant (comme un n’aimant plus), et
c’est un fantôme qui presse en diagonale les deux coins les plus opposés du pli,
et le fait lentement tourner d’une impulsion du pouce, comme le globe autour de
son axe penché ou l’orbite de saturne.
Mettre le papier en route pour que
le contenu déteigne à travers l’enveloppe. Un contenu différent, avec un entre
les lignes dans lequel tu n’es pas en train de me dire au revoir. D’ailleurs tu
n’es pas en train. Tu l’as fait, il y a des mois. J’ai recommencé à dévaler les
escaliers de mon mouvement perpétuel, et en annexe, à perdre mes cheveux, rater
la marche.
Aberdeen.
Même dans le Mc Do je ne
reconnais rien. Pas de potatoes, pourquoi. Il me faut un accès wifi mais je ne
parviens plus à faire la moindre démarche, car simplement, je ne veux plus
avancer. Je serais prête à déserter d’ici sans voir la mer ni demander mon dû
(la mer). Mais tu m’y as emmenée quand même. Une marre de pétrole plutôt, et
loin, des points lumineux dont mon sens de l’orientation parfaitement inutile
ne parvient pas à statuer sur la provenance. S’ils sont dans la direction d’où
je viens, ou dans celle où je vais, où m’attend Manao Tupapau dans le rabat de mon
boarding pass. Pensée vertigineuse, freiner
le temps, je veux surtout n’aller nulle part d’autre que dans le passé ou le
présent. La simple hypothèse d’un plus tard où tu seras absent fige l’intégralité
de mon discours intérieur.
Impossible.
Il y a un horizon, je ne le vois
pas mais je le sais. Je veux juste vomir mon menu Best of et quand je ferme les
yeux, j’ai la rémanence d’un cerf pris dans les phares de la voiture, qui nous
fixe un instant d’un regard étrange, et n’en finit pas de danser sur la route
et la pupille.
Est-ce que tu l’aurais vu si je
n’avais pas crié ?
J’ai dormi, il semble, sur la
banquette arrière. Rêvé de passerelles en tissus dans un grand magasin, de mon
monde qui s’effondre plus vite qu’un château de sable, des pas dans le vide qui
viendront dans une heure. Je me suis réveillée avec le vertige doublé d’une
émotion étrangère – l’émotion surement qui est celle de s’arracher à toi -- et
ce n’était rien, rien, par rapport au
reste.
Tu me regardes désemparé me noyer
dans mon petit déjeuner continental d’aéroport. Des œufs brouillés parmi des
litres de larmes, des yeux brouillés. Je crois que je vais me noyer. Au milieu
des voyageurs. C’est toute ma base qui chavire devant le Relay. Il s’agirait de
se dire au revoir (comment ?), je n’en ai pas la force, et ce sont trois,
quatre, cinq pas dans le vide – ne pas se retourner -- qui m’en arrachent pour
me déposer fanée devant le contrôle
sécurité. Il y a la vie avant le Relay, et le relai de la vie qui vient après
le Relay.
Grenoble.
Ma décision passée par instant
m’épouvante. Je me suis essorée sans que ça ne change rien. J’ai passé des
jours et des nuits sur ce fastidieux travail de me tarir, derrière le hublot, à
la douane, sur le rebord de la baignoire, en cherchant mon siège, vidant mon
sac, dans le train, dans le tram, dans la rue, dans ma chambre, devant ma mère,
au fond du canapé, pour moi-même. Sept ans à partager la même vie, de vie commune
au sens littéral d’une vie pour deux (est-ce que ça suffit ?).
Après un tel déluge, t’avoir vu
disparaitre à l’angle, plus une larme, plus la peine, que le monde parte en
fumée, qu’une brèche m’engloutisse, que les autres me blessent, me maltraitent,
me laissent des bleus partout je m’en fiche. Je ne veux plus pleurer, ni rire,
ni de pissenlits, ni – surtout- d’amour.
Lyon.
Et je m’y suis employée à grande
eau, à chercher un mur contre lequel me crasher. Par je ne sais quel mécanisme,
j’ai fait comme tout le monde. J’ai commencé à faire des choses. Des petites choses d’abord, a. attraper mon
sac, b. appuyer sur le bouton, c. descendre du wagon. Puis plus de petites
choses jusqu’à ce que tout ça forme un tas dans lequel je ne me repose plus. Eros
se démenant pour pousser thanatos en touche, mes mécanismes de défense
opérationnels. J’ai commencé à m’agiter, puis à m’exciter dans tous les sens,
les autres autour retenant leur souffle, hé, calme petite !
Ça va ?
ELO CA VA ?
Oui, ça allait très bien. Je me
sentais pleine d’un énergie inconnue, une foule d’idée m’empêchant de dormir la
nuit, plein de projets et aussi trop de café, des cigarettes, d’un homme barrette,
de rhum charrette. Je ne supportais plus la moindre assise et, dès la seconde
où mon corps entrait en contact avec une pièce de literie où une chaise, j’en
bondissais malgré moi. J’ai cherché l’absolution (la dissolution) dans un
travail acharné la semaine au cabinet. Juliette est entée un jour dans mon
bureau et m’a trouvée en tailleur par terre au milieu d’un champ de bataille,
la pièce sens dessus dessous. J’entreprenais dix choses à la fois en tremblant
et en ne terminant rien, au milieu de photocopies, de puzzles, de stylos. Des
cubes partout, des classeurs ouverts et éparpillés du sol aux meubles. Elle a
frappé à la porte, le son m’a violemment extirpée de mon chaos, et c’est comme
si je ressortais, hébétée, d’une rééducation neurologique.
Elodie ça va ?
Nuit blanche, footing, trajet. Ça
allait. Réellement. Et quelques semaines plus tard, j’étais assise au milieu
d’une pièce, occupée à rien d’autre qu’à perdre mes cheveux, du sang, un kyste
de la taille d’un petit œuf de poule dans mon ventre. Ils se sont alarmés et
m’ont poussée à grand coup de torchon et de gestes dans l’air vers la salle d’attente du médecin. Mais c’était impossible. Je ne pouvais pas, parce
qu’à ce moment-là, il était bien plus simple de me battre contre une hémorragie
que contre quelqu’un d’absent.
Martigues.
Des semaines plus tard, soir du 24 décembre, j’ai
besoin d’une pause dans le monde pour pouvoir pleurer. Sur le banc de l’église
je regarde autour de moi et je n’y vois que du feu. L’assemblée chante douce
nuit à notes retenues, mais mon cœur à moi est déjà quelque part dans le sud, à
la recherche d’un lieu où les yeux de l’homme chignon et de l’homme barrette
seront absents.
Il
me faut quelques secondes pour réaliser que c’est ta Clio (LA CLIO) qui est
garée dans mon allée. Et qu’il y a quelqu’un immobile derrière le volant. Au
premier regard échangé je dois me retourner pour reprendre mon souffle et
garder la face. Ton œil gauche se remplit d’une larme en biais, qui forme un
petit triangle qui semble échapper à la gravité. Et instantanément mon propre
regard est noyé. Je crois que si tu pars une nouvelle fois, je vais perdre tout
ce qu’il me reste de cheveux. Si tu
apparais devant la porte de mon appartement ou sur le seuil d’un autre lieu
quotidien, je verrais toujours mon ombre courir vers toi jusqu’à s’effondrer
dans tes bras, et les larmes fuseront comme du sang éjecté d’une plaie. A cause
de cette chose vitale qui me relie à toi, puisée dans l’enfance qui n’a pas de
barrière. Où que tu te caches dans la foule, je traverserai la pièce droit
devant quitte à marcher sur un tas d’autres pour te rejoindre. Mais à chaque
fois que je pense à nos retrouvailles c’est un bain d’eaux troubles accompagné
du bruit d’une lame qu’on sort brutalement de son fourreau. Des larmes qui
brillent comme un éclat furtif mais cataclysmique, des ravages et des arbres
brisés, des plaies rouvertes et des cicatrices grattées, léchées. Nos
retrouvailles sont au bout du sabre et restent figées dans le temps. Voilà,
c’est exactement ça, te retrouver.
Francfort.
Encore ce
syndrome HSBC, encore quelques mois plus tard. Tomorrow will be
nothing like today. J’ai
l’impression de toucher du doigt un monde qui aura lieu en dehors de moi, un
angoissant monde d’or et d’argent, comme c’est toujours le cas quand je marche
d’un pas excessivement rapide au milieu des terminaux alors que je ne suis pas
si pressée que ça. Mieux vaut penser aux affiches de la banque qu’à autre chose.
Plus
j’approche du lieu où tu m’attends et plus mon état est instable. Je suis de la
matière en mouvement dans cet avion, la lumière est éblouissante à en donner
mal à la tête et j’ai lutté durement pour ne pas faire partie de ces gens que
je déteste, ceux qui choisissent le siège côté hublot (qui l’obtiennent) et qui
dorment contre. Je n’ai même pas eu le hublot, pourtant je me suis levée tôt.
Mais même au bord de mon allée où passe et repasse le chariot déjeuner, je ne
peux pas lâcher et abandonner. Je ne peux pas dormir sinon je perdrai la notion
du trajet, et je me croirais, une nouvelle fois, là où je ne suis pas. Je me
laisse transporter dans n’importe quel cargo et n’ai même pas vérifié les
détails du vol. Le pain au chocolat est plein d’huile de palme. Mais il fait
terriblement soleil et je dépose l’angoisse qui m’a agrippée ce matin devant la
porte d’embarquement, fouillant sans relâche dans mon bagage à main à la
recherche des documents qui y sont, assurément. Mon cœur se crashant à l’idée
de te revoir, mais surtout de devoir te quitter encore. J’ai encore vu
Francfort en coup de vent. J’ai dérivé dans les Duty free à la recherche d’un
cadeau à t’apporter. Ça fait peur d’arriver les mains vides, parce qu’il n’y
aura rien à tendre à bout de bras entre toi et moi et le temps, que j’appréhende
mon incontrôlable mouvement de recul en réponse à toute tentative d’approche.
Je n’ai pas trouvé quoi acheter alors j’arriverai avec rien. (Quel objet,
produit, naturel, fabriqué, lunaire, plutonique pourrait avoir un sens à
l’arrivée, après autant d’année à s’aimer-se détester et vivre comme des lions
en cage sous le même toit, et nos tête-à-tête dans la cuisine jusque tard, et
mon départ, et ton départ ?). Laissons tomber le cadeau.
Edimbourg.
Quand je
débarque, dernière passagère oubliée du vol, tu es toujours là à m’attendre. Tu
m’aurais attendue jusqu’à la fin des temps. J’ai imaginé toutes options
possibles, sauter de joie, faire une chose bête, te mimer un truc de loin. Mais
pas celle de m’effondrer dès l’arrivée. Parce que ma petite valise bleue est
perdue, que je suis incapable de la décrire à un Ecossais, que tu as perdu des
kilos que tu n’avais déjà pas, dans un pull marin. Mais peu importe. Emmène-moi
au Dogs, emmène-moi acheter des chaussures de pacotille à H&M en
m’entraînant au milieu d’un Edimbourg familier et joyeux, pour que je puisse
les tremper dans l’herbe mouillée de St Abbs Head. Dans un rayon de soleil, au
milieu des falaises et des pingouins, d’un lieu qui m’a laissé une trace
tenace, j’ai l’impression de revenir très lentement à la vie.
Bruxelles.
J’ai eu un
minuscule coucou, à hélice même. Deux sièges pour moi, que je n’utilise pas
parce que j’ai appuyé sur Play de l’i-pod et que Seamonkey a commencé, et je suis restée dans la position dans
laquelle je me trouvais. Droite sur le siège, sans même toucher au dossier
(j’aurais pu laisser mon dossier à quelqu’un et peut être payer mon billet
moins cher). Moderat fait naître une anxiété, un peu schizoïde, même si elle ne
mérite pas un tel mot, c’est l’essence qui s’en rapproche le plus. Le peu de
passagers de l’avion dort (je me suis rendue compte que je suis souvent la
seule à faire Lyon-Ecosse), et par le hublot on dirait que le monde est à feu
et à sang, dans les artères enflammées qui apparaissent entre des nuages lourds
de pluie.
Grenoble.
A chaque aéroport,
de la matière m’a quittée. De la peau, de l’eau, des fragments d’os, des
cellules, tout y passait, sans que je ne m’en aperçoive. Sans aucune forme
d’autorité pour y régner, mon corps n’en a fait qu’à sa tête (quand le chat
n’est pas là les souris dansent). Mais je ne peux pas passer toute une vie au
bord de la baignoire, à contempler de loin la carrosserie d’une Audi, à laisser
mes sandales s’imbiber d’eau sur le quai du tramway. Je voudrais, c’est la
première fois, que ça s’arrête. De
l’épuisement. Un état que je caresse de loin, sans vraiment vouloir l’admettre.
La course prend fin d’un coup, au milieu d’une foulée. Je suis tentée de faire
un pas de plus. Je vacille et je tombe assise sur mon lit. La chambre se
remplit progressivement du silence contre lequel je me suis battue depuis
bientôt un an. Il surgit comme un bourdonnement. C’est le solstice d’été, le
plus long jour sans toi de l’année. La plus courte nuit blanche pour les
pessimistes. J’ai cinq ans de plus dans le miroir. J’ai perdu tous les traits
d’adolescence qui persistaient. Plusieurs cheveux blancs. Des cernes qui
résistent à tout sommeil. Il faut que je m’attable devant le problème, que je
lui donne un nom pour qu’il commence à exister et donc lui laisser une chance
aussi de commencer à guérir. Je peine à l’écrire parce que ça fait infiniment
mal : ce qu’il y avait avant et qu’il n’y avait plus après toi, c’est
l’enfance.
A ce
constat, je retourne me nicher dans l’abysse dans laquelle tu m’as connue, la
faille de l’océan qui m’engloutissait tout entière, il y a longtemps. Dont tu
m’extirpais, parfois, et dans laquelle tu me jetais, souvent. Mon démon
personnel vêtu de bleu. Et l’angoisse archaïque qu’il charrie dans sa petite
valise oubliée.
Bonifacio, Lyon, Fare, Shieldaig,
Hambourg, Banyuls, Glasgow, Cassis, Los Angeles, Saint Hilaire, San Sebastian, Paris,
Chamrousse, Ajaccio, Carcassonne, Vias, Chantilly, Genève, Jurançon, Mahina, Grenoble,
Biarritz.
Après tant de lieux partagés et
de moments où l’on se tait – chacun dans lui-même – face à un paysage immense, comment
peux-tu une seconde imaginer que l’on puisse se dire au revoir ?
On m’a dit qu’on n’efface pas la
marque d’un amour délicat issu de l’enfance, ayant pris les coups de violence
de l’adolescence, et s’étant confronté avec fracas à l’âge adulte (l’adulterie ?
pourquoi il n’y a pas de mot pour ça ? Parce que ce n’est plus un
processus mais une fin ?). On m’a dit ça avec une grande évidence, sans
pourtant l’avoir vécu.
Que nous pouvons nous échiner à se
fuir à travers l’Europe, déplacer des frontières et des fleuves, boire de n’importe
quelle potion, chacun de nos gestes (se relever la nuit après un cauchemar,
empiler les assiettes, enfiler un pull, couper une tomate, enfoncer ses poings
sur ses hanches en arrivant à un sommet) portera une marque de ce que nous
avons été ensemble. Puisque nous l’avons été dans le moment le plus sensible au
changement. Nos synapses se sont modifiées en présence de l’autre. Ça ne sert à
rien de nager à contre-courant, pour terminer éreintés dans la même mer. S’oublier,
est-ce que c’est ce que tu essayes de faire aujourd’hui ? – ne fait pas
partie des choix. Et bien que je comprenne ta décision, sa logique, son
évidence et son caractère inéluctable, je ne comprends pas par quel sortilège
tu la prends. Tu penses, à la vue de ma vie qui parait (si on y regarde de
loin) se reconstruire, que le chapitre se clôt. Que tu n’existes plus car
d’autres choses existent et t’ont Relayé.
Sauf que quel que soit ce que j’empile comme Lego pour fortifier ma tour,
garder des forces, vibrer, tu restes la plus grande part des fondations. J’ai
peur sans toi, de ne plus jamais être la petite fille qui jetait des bouteilles
vides contre les murs dans ses accès de rage, ou pire de le rester toujours. Tu
restes, protégé du chaos par ta cloche de verre, la plus essentielle et fragile
plante de ma serre tropicale. Je l’ai tellement contemplée que j’ai fini par tout
accepter, même le venin qu’elle dégage.
On a dit, Je t’aimerai toute la vie.
C’est vrai.
Même si ce n’est pas de la
manière que l’on croyait ou que l’on aurait voulu, tu restes mon hémicorps, mon
hémi-champ.