Touchés. Coulés.
Coulés avant de s'être rendormis.
Je me réveille d'une nuit blanche dans du coton, en équilibre au bord d'une chaise. Les contours se dessinent dans du flou, du mur, du couloir, du plafond. Du couloir des urgences.
Derrière le lit un de l'UHCD, tu dors déjà.
Sortir prendre l'air pour que l'odeur de la médecine faillible ne descende pas jusqu'à mon estomac, qui se noue, et se noue, et se noue. Dehors, je fais le point dans le cauchemar. Petite chute dans la nuit. Paralysie du bras gauche. De la jambe gauche. Petit AVC. Pompiers. Bon pronostic. Aphasie. Perte de connaissance. D'espoir. Coma. Vendredi, je ne vis que des réveils. Le téléphone qui sonne. Qui résonne. Qui reresonne. Beaucoup de déséquilibres et de rattrapages de justesse a des objets. Des minutes cumulées ou je ne sais plus ou j'étais dans le monde. Je m'endors a un endroit, me réveille a un autre avec des nouveaux vêtements. Monte dans des voitures et oublie des trajets. Cache à M. qui est seule dans le salon, qui veut dormir, qui ne peut pas se battre contre ça, des secousses incontrôlables qui décapsulent des opercules. Répond a P. qui explique un passage incompréhensible entre conscience et coma. Brosse mes cheveux. N'arrive pas a enfiler un pull en laine. Je l'enfile finalement. Et serai quand même la pour te dire au revoir. Tu part te reposer en paix, avec dans les mains tout notre amour et un violon. Qui est infini.
Pendant ce temps, qu'il pleut des cordes, ravaler des larmes d'alligator sous les regards cachés posés sur ma petite fleur de deuil. J'ai des cendres qui se dispersent. La météo a tout rincé sans distinction, pour arrêter l'hémorragie.
Les images se dissiperont. La detresse du coma agité sera balayé par le visage qui est venu ensuite. On deviendra convaincus que les dernieres bribes de ta conscience auront été les sons de nous discutant de la vie à ton chevet jusqu'à la fin, et pas celles de ton bras gauche obsedant qui s'engourdit peu à peu.
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