Randonnée, saucisson, Pietra, baignade dans des trous d'eau verte laissés par la rivière asséchée, jacuzzi naturel dans la roche, marche sous la forêt de pins immense de l'Ospedale, contemplation du barrage du lac dans la brume, cascade méritée de Piscia di gallu après descente et remontée à la corde, Bonifacio suspendue au bord du gouffre battue par le vent et les vagues, bouillabaisse de pêcheur d'exception, sémaphore de Pertusato au dessus des eaux bleues et des falaises de calcaire, pointe de la Chiappa, son phare à l'abandon une chaise en plastique devant l'immensité de la mer sous les figuiers de barbarie. Locaux militaires en pierre désertés et libres, en ruine et à tous. Rhum citron, ciel incroyable et étoiles filantes sur la mer, tempête, le plus bel orage presque tropical, qui fait plier les palmiers et exploser le maquis.
Il n'y a plus de nuit pour moi, le tout c'est de se lever tôt et d'emprisonner le moindre grain de ce sable. Parmi tous ces grains de sable, il y en a un qui n'a pas fini de me gratter dans ma chaussure, et celui là j'y reviendrai plus tard. Les heures se sont écoulées dans le grand bleu, qu'on soit percutés par les vagues, qu'on contemple la mer d'une falaise, qu'on soit tout au fond à voler en rasant le sol, entourés d’innombrables poissons.
Épuisés, il faut refaire toute cette route à l'envers pour revenir au point de départ, mais le sac à dos reste plus léger qu'à l'aller. On y a remis une partie des affaires parceque c'est la vie, mais certaines, lourdes, restent derrière nous. On joue du piano dans le bar du ferry où on boit des martinis et des whisky. Le bal des serveurs et serveuses est une grande danse coordonnée d'additions et de sourires, les notes, le thé chaud, la côte qui disparaît et qui fera bientôt place au grand large, je suis entrain de m'endormir assise les yeux ouverts.
Des crampes de palmes me réveillent la nuit. Et des sursauts où des créatures immenses apparaissent dans l'obscurité au fond de l'eau. Des tâches d'argent apparaissent tout autour de moi, et je m'endors, comme diluée dans un poison, comme si une morsure venimeuse me berçait au rythme des vagues.
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