Si
la fin du monde c’est demain, je m’en fous.
On
a fait tout un foin. Suffisamment pour remplir l’écurie pendant tout l’hiver. J’ai
réfléchi à ce que je ferai si tout à coup il ne restait qu’une journée à vivre.
Les possibilités donnent le vertige et il faudrait faire vite, or, je déteste
courir. Mon compte courant est vide, mon compte épargne est bloqué, et même, en
24h je n’aurai pas de temps de rejoindre le Pacifique pour aller y contempler
le spectacle final à l’ombre d’un marae ou d’un palétuvier.
Avec
étonnement, je me rends compte que mourir demain serait une possibilité
envisageable sans regret. Mes affaires sont bien en ordre (sauf mon armoire
mais qui se formaliserait là-dessus). Cette dernière semaine j’ai mangé un des
meilleurs gâteau de foie de volaille de ma vie, avec des gens que j’aime à la
folie, dans mon bouchon Lyonnais préféré. Je suis retombée sous le charme de
Lyon, dans une ambiance magique de noël. Le lendemain, j’ai retrouvé mon bel
appartement et mon cher plus-que-colocataire dedans. Ce soir, l’article qui
clos un an de travail sur les dauphins sera soumis à Journal of Experimental
Biology. Mes parents savent comme je les aime, et notre au-revoir aura été un muffin
et un chocolat chaud à Häagen Dazs. Mon chat est parti et aucun ne le
remplacera. J’ai passé mon entretien pour un stage et le sort n’est plus entre
mes mains. J’ai repris goût à des choses qui m’avaient quittée, suis sortie de
mon indifférence. J’ai réussi une crème brûlée, bu un grand cru classé, chassé
une phobie, appris à profiter de l’instant.
Bref,
l’apocalypse peut venir sans se méfier, et tant qu’à faire autant que ce soit
dans un grand feu d’artifice final.
Si
malgré tout il faut faire un vœu et que se contenter de ce qui a eu lieu n’est
pas toléré dans le dernier contrat, alors je prendrais :