lundi 31 octobre 2011

D'où venons-nous ? Qui sommes nous ? Où allons nous


This is the way you left me.

En restant tous là plantés, ailes d’avions coupées par la peur. Il va falloir faire les pires choses de ma vie, dire au revoir aux plus chers, faire le deuil, tout envoyer chier une bonne fois pour toutes. Il y a un mur entre les autres et moi, qui s’est construit par un procédé inconnu et que je n’ai pas vu au début. Et c’est dans le tournant, je me rends compte que je vais me le prendre de plein fouet. Je vais finir tous bras cassés, toute défigurée, mes objets de valeur déchirés, me cogner la tête contre les murs des Ehpad. Et ça va être trop tard. J’abandonne. Même si au final je me dirais que c’est vous qu’il me fallait, le prince charmant du dimanche, l’aventurier dans un costard de velours. J’irais au bout du monde gagner ma vie pour lutter contre le tourbillon qui se forme en surface. Au milieu du Pacifique je serais irrattrapable par le tsunami, ou alors que par le vrai tsunami qui est fait avec de l’eau, celui qui fait moins mal. Un tour de passe-passe. Il n’y a plus aucune chaussure à mon pied, il n’y a même plus pantoufle à mon pied, plus personne qui m’aille, plus personne que je vaille. Dans ma tête il y a plus qu’une seule force qui me tire, me tire en avant, m’arrache en avant, se plie en quatre pour que je parte et me tient, quoiqu’il en coûte à l’école, dans l’appartement, dans la maison, à table, auprès ces présences que je ne supporte plus. Ce qui se trame dépasse tout ce que je pouvais imaginer, n’existait même pas dans mon monde. Tout le chagrin que j’ai cru avoir toute ma petite vie n’en était en fait pas un, n’était rien du tout, des caprices, des bêtises, du temps perdu, du manque de courage, des broutilles, des idioties, des débilités, des bricoles, des petits tracas futiles, face au monstre qui y est entré. Monstre encore flou. Que je ne pourrais jamais nommer. Dont je ne peux pas exprimer la présence à haute voix de peur qu’il se matérialise. Qui me fait fermer les portes de tous les placards de la cuisine le soir. Un vrai monstre est capable de balayer tous les chagrins du passé. De se faire une place où il trône seul au milieu de nous. Après lui, il n’y a plus jamais de peine inutile, à part celles qui le réveillent malgré elles. La sensibilité à l’angoisse s’atténue, la tristesse n’existe plus, la vie devient réelle, il n’y a plus rien besoin d’inventer ou de puiser dedans. Tout ça, qui n’a pas d’intérêt, est balayé en quelques temps pour que tout se mette en place pour le combat. Une machine immense s’installe, une très grande entreprise qui nous fait agris malgré tout. Elle entraine l’oubli la plupart du temps, permet de traiter la vie de manière sensé et intelligente, de poursuivre son cursus, de faire des vaisselles pas millier, de préparer des repas très bons, de rêver de réussir, de se laver les cheveux, de dire bonjour, se sociabiliser, être souriante, enjouée, motivée, surmotivée. Quand la coupe est pleine et que le monstre se profile, peu importe son déguisement, elle lâche les vannes pour une durée très calculée et millimétrée. Quand tout est redevenu à un niveau de base, que les larmes ont coulé à flots, elle reprend son oubli, sa mise de côté tellement active et flagrante qu’on s’en rend même compte. C’est un vrai barrage contre lequel on bute si on veut y penser. Enfin, elle donne un but ultime à atteindre, qui occupe l’esprit constamment et qui meut en avant, elle me dit tu vas y arriver, tu peux le faire, tu vivras sur ton grain de sable dans le Pacifique, tu auras la vie que tu mérites si tu travailles. Allez allez en avant, et moi je me lève, pleine d’idées pour réussir et de projets. Tant pis si personne ne m’accompagne. Tant pis si je suis la seule folle à pas faire comme il faut. Et même toi je finirais pas te pardonner d’avoir tout gâché, de n’avoir rien vu venir, d’être resté tellement figé comme des cons et menteur. Et les monstres qu’ils viennent, je les attends.


"D'où venons-nous ? Qui sommes nous ? Où allons nous?" Paul Gauguin 1997-1998

jeudi 20 octobre 2011

Risèd

Go go go dans la vie. Go gagner de l'argent par centaine, soigner des enfants, compter des dauphins, leur apprendre à discriminer des cibles. Je sais pas ce qui va me tomber sur la tête, le ciel probablement, vu comme la vie se plie en quatre pour moi ces derniers temps. J'ai bien peur que l'addition soit bien salée, peut être même poivrée, et que tout ça ne soit qu'un moyen de compenser les dommages qu'elle me réserve. Un manière de dire, tu as eu tout ça, tu auras l'argent, les baleines, les talons, le bout du monde et la gloire mais jamais jamais jamais je réaliserai le souhait que tu as fait mille fois cet été devant les étoiles filantes, dans les églises, en soufflant les bougies, au ras du sol, dans le froid, sous les couvertures, dans l'alcool, devant le miroir du risèd.
Le seul vrai souhait que j'ai fait de toute ma vie.

Le jour d'été en otctobre

Automne: toujours pas venu. Bientôt en novembre et il fait toujours soleil dehors. Ça va venir d'un coup et ça va être un coup dur. Mais bon, on a eu cette belle journée d'été en octobre pour les 60 ans de Jo. Le jour où T. avait ramené des fromages, la première fois qu'on mangeait un cheesecake au Philadelphia commercialisé en France, et de la brousse Corse à notre table de gens qui malheureux dans les terres. Il y a eu du soleil inondant la terrasse ce dimanche au départ calme et endormi qui a fini en éclats de rires dans la soirée fraîche. Mes gâteaux ont pas été trop ratés, ce qui est rare. L'omelette de P. qui a trop bu était délicieuse. Et le vin rouge, blanc, la bière, le thé, le café, le cidre, le mousseux. On a même gagné au Trivial pursuit, nous les jeunes versus les vieux. Et quand je dis gagné c'est gagné en vrai, sans tricher, sans écourter la partie: c'est avec les six camemberts et arrivés tout en haut du plateau après avoir répondu à une question de chaque couleur! La grande classe finalement. Manger, boire, des cadeaux, des bateaux, des amis, c'est une belle journée et je pense que J. s'en souviendra. Elle méritait bien plus que ça, avec ce terrible anniversaire qui se profile, le mois de novembre qui va revenir, et A. qui réapparaît déjà dans nos rêves. C'est une blessure qui va se rouvrir, et qu'il va falloir encore refermer. Quand on se lève de nos chaises où on s'était enracinés, l'estomac pèse une tonne et la tête tourne bien plus que prévu. Mais finalement c'est bien le principal.
Bon anniversaire maman.

mercredi 21 septembre 2011

Rhinite continentale

A peine sur le continent que je commence à avoir des aphtes. Dans la nuit qui suit, j'ai déjà arraché de la peau autour de mes ongles sans m'en être rendu compte. Je tousse, j'ai la migraine, je recommence à avoir besoin de sommeil. Je suis allergique à la terre.

Le coup du grand cormoran

Ben alors ça!
Il faut une longue marche où on perd vite espoir dans les algues pour atteindre le petit Sperone. Mais quand on a fini par le trouver on regrette plus du tout le chemin marécageux et gris. Passé le cap du chemin interminable et du maquis brûlé, c'est une petite boite à bijoux toute petite qui apparaît entre les branches de pins (et non les tranches de pain). Pas une minute à perdre, on est pas venus pour enfiler des perles. Cette baignade restera inoubliable pour le coup du cormoran. Il est tout près à la surface et il a l'air de nous ignorer et d'avoir faim. On replonge la tête sous l'eau et on se rend compte qu'on est entrain d'être rabattus avec les poisson: on est à contre courant au milieu d'un immense banc de poisson qui s'enfui de toutes ses forces fuyant l'apocalypse. Je me dis oh mon dieu on va se faire tuer. Il apparaît au bout, de toute beauté, en pleine chasse aérodynamique, face à nous à cent à l'heure. Il a un petit mouvement qui montre un peu d'étonnement en arrivant nez à nez avec nous, mais il a tellement faim. Il nage au fond à toute vitesse. Je remonte pour pas me noyer parceque je peux pas me retenir de faire haaaaaaaaan! (ce qui peut être dangereux sous l'eau parfois). Haaaaaaaan! tu vois Océans! et ben c'est Océans! C'EST OCEANS.

jeudi 15 septembre 2011

La Sémillante

Par le hublot je vois une vague qui revient de 1855 et qui englouti la Sémillante et tous ses marins. Tous ses 700 marins qui ont fait naufrage et qui ont perdu dans le combat sans fin face à la mer, qui reposent en paix sur cette île déserte balayée par le vent. C'est au-dessus des morts de ce navire fantôme que nous voguons. Désert, calme, rocheux, au milieu d'une mer agitée. Sous la coque défilent parait-il des profondeurs irrégulières, des dangers d'aventuriers, des reliefs inconnus. J'y vois les eaux turquoise habitées dans lesquelles je ne peux plus me retenir de plonger. Je marche dans le vent, sur les sentiers de sable au milieu des tas de cailloux, des éléphants, des ours polaires, des mouettes, des mains qu'ils dessinent. Il n'y a que du soleil et des rochers, des prairies d'herbe verte qui s'étendent et cristallisent sous le sel. Et au bout de tout ça il y a la mer, bleue comme de l'encre de stylo plume, et ses vagues qui s'engouffrent et s'écrasent sur l’île. Dans ces prairies vit une fleur rare qui ressemble à un lys et qui semble mourir sous ce climat mais survit. Et il y a surtout tout ce qu'on ne voit pas de la surface. On dirait une cité perdue. Et cette cité abrite des centaines de poissons, énormes, disproportionnés par rapport aux autres endroits. Peu sauvages, ils nous suivent comme des fantômes avec leurs énormes yeux. On a l'impression qu'il n'y a personne mais si on se retourne, on voit une ribambelle argentée de toutes tailles et des toutes espèces qui sont sur nos pas, ouvrent et ferment doucement la bouche comme pour nous parler. Magnifique. J'ai l'impression de plonger dans un immense aquarium, dans un autre monde. J'avance dans le labyrinthe vers le large, avec l'angoisse de voir surgir un de ces marins perdu devant moi. Il y a des plaines et des montagnes, d'autres lieux à explorer, des trésors enfouis. A l'entrée d'un recoin caché, deux grands yeux irisés me fixent dans le noir. Je vois des grandes nageoires un peu rouges-brunes qui ondulent, j'ai trouvé un mérou. Je reste trop longtemps, je m'épuise à contre-courant, et je ressors gelée, comme d'habitude. J’entre dans le cimetière. Une sorte de voile de temps passé le recouvre, les tombes carrées anonymes et pour la plupart vide à cause des marins jamais retrouvés. Une plaque illisible qui a subi l’érosion, et des murs de pierres qui entourent ce refuge ou la fragile végétation reprend ses droits. Quelque chose dans ces paysages pèse lourd mais tout est vite balayé par l’air pur. Après m’être retournée mille fois sur mes pas, nous laissons derrière nous l’île déserte, hantée par des poissons énormes et des morts.

samedi 10 septembre 2011

Le sémaphore

Tout tient dans la main et pourtant tout est éloigné de tout. Il faut des millénaires de ferry retardé par la tempête pour toucher terre encerclée d'eau. Dans la lumière de six heures, après une nuit climatisée et un thé vert dans les voitures serrées, une longue marche et remarche sur le port de Toulon soir de match, se dessine ma plus chère des côtes en contre jour sur un soleil rose. Accoudés au pont dans des k-way bleus. Tartines méga express, déjeuner continental, débarquement en gare de Bastia. Glissons lentement vers le sud, tombons lentement dans la nature sauvage. De moins en moins de gens, moins de maison, fin de carrefour market, pas de train, pas d'autoroute, plus que du maquis. La route n'en finira jamais de s'étendre, les heures passent, les kilomètres à deux à l'heure, et apparaît au bout des lignes blanches infranchissables mais franchissables pour certains, la baie. Des montagnes de maquis qui se referment sur une baie aux eaux turquoises et au sable blanc. Des marais avec des animaux des marais, des pins biscornus sur la plage pour dormir à l'ombre, des vaches sauvages allongées sur le sable au milieu des rares parasols. C'est fini pour tout le reste. Se débarrasser du superflu. Se débarrasser de tout. En enterrant mes pieds dans le sable, en enfilant mon masque, j'ai l'impression de déposer un sac à dos lourd rempli d'affaires inutiles que je regrette d'avoir porté, et du coup de m'envoler délestée. Et encore, c'était sans avoir idée des rencontres qui se profilaient.
Randonnée, saucisson, Pietra, baignade dans des trous d'eau verte laissés par la rivière asséchée, jacuzzi naturel dans la roche, marche sous la forêt de pins immense de l'Ospedale, contemplation du barrage du lac dans la brume, cascade méritée de Piscia di gallu après descente et remontée à la corde, Bonifacio suspendue au bord du gouffre battue par le vent et les vagues, bouillabaisse de pêcheur d'exception, sémaphore de Pertusato au dessus des eaux bleues et des falaises de calcaire, pointe de la Chiappa, son phare à l'abandon une chaise en plastique devant l'immensité de la mer sous les figuiers de barbarie. Locaux militaires en pierre désertés et libres, en ruine et à tous. Rhum citron, ciel incroyable et étoiles filantes sur la mer, tempête, le plus bel orage presque tropical, qui fait plier les palmiers et exploser le maquis.
Il n'y a plus de nuit pour moi, le tout c'est de se lever tôt et d'emprisonner le moindre grain de ce sable. Parmi tous ces grains de sable, il y en a un qui n'a pas fini de me gratter dans ma chaussure, et celui là j'y reviendrai plus tard. Les heures se sont écoulées dans le grand bleu, qu'on soit percutés par les vagues, qu'on contemple la mer d'une falaise, qu'on soit tout au fond à voler en rasant le sol, entourés d’innombrables poissons.
Épuisés, il faut refaire toute cette route à l'envers pour revenir au point de départ, mais le sac à dos reste plus léger qu'à l'aller. On y a remis une partie des affaires parceque c'est la vie, mais certaines, lourdes, restent derrière nous. On joue du piano dans le bar du ferry où on boit des martinis et des whisky. Le bal des serveurs et serveuses est une grande danse coordonnée d'additions et de sourires, les notes, le thé chaud, la côte qui disparaît et qui fera bientôt place au grand large, je suis entrain de m'endormir assise les yeux ouverts.
Des crampes de palmes me réveillent la nuit. Et des sursauts où des créatures immenses apparaissent dans l'obscurité au fond de l'eau. Des tâches d'argent apparaissent tout autour de moi, et je m'endors, comme diluée dans un poison, comme si une morsure venimeuse me berçait au rythme des vagues.

lundi 15 août 2011

Le roi des animaux

Étire ses pattes au soleil et trône sur la jungle, en CDD. Et après le CDD tout sera fini. Trimbale ses gènes ancestraux et ses savoir-faire, ses années de sélection, son pelage adapté et brillant. Quand je sais que je vais mourir je pense "tout passe", mais en fait ça dépasse ça de bien loin, c'est la vie qui va mourir, c'est la poterie qui a mis des millions d'années à être tournée. C'est l'instinct du tigre qui va mourir, il s’assoit sur un tabouret, les gens applaudissent, il a peur et c'est la fin de tout. Dans des temps reculés, tout avait été mis en oeuvre et tout ne pouvait devenir que parfait. Et après il y a eu moi. Et les autres surtout. Ça a commencé à avoir un goût d'égouts. Et après je suis morte de chagrin. La mort c'est pas tellement la mort finalement. Homo sapiens il vit il meurt et il se récolte à la pelle, en fait, il meurt jamais. Comme le poisson chat, il est increvable. C'est l'hermine lâchée dans les pleines de Nouvelle Zélande. C'est la chenille sur la feuille de basilique. C'est l'ambroisie, la renouée du Japon. Prolifère, se multiplie, envahit. Indestructible moi. Extraordinairement intelligent moi.
Je les déteste tous. Cette bande de cons au zoo, bande de cons dans la ville, bande de cons sur le baleinier, à la plage, à la montagne, dans le désert, en Namibie, aux Feroés, en représentation dans toute la France, sur leurs grand chevaux, derrière l'ordinateur, dans la salle d'attente du vétérinaire. Bande de cons partout.
Toi et moi de toute façon on se retrouvera. Un amour pareil ça s'invente pas. Et il ira jamais, jamais, jamais à personne d'autre qu'à toi. Jusqu'à l'enfer.
On en devient fou. On nous a envoyé les pires fléaux, on en perd la mémoire et la raison, on en perd nos mots, on devient des fantômes, on devient remplis de tumeurs, on devient des sacs de métastases, des paranoïaques, des traumatisé. On devient des déments. Des malades. Des cancereux. Des morts. Et ça n'y change rien.
J'espère bien qu'à force de semer la merde on récoltera la tempête. J'espère bien qu'un jour ce sera nous dans le congélateur, exterminé jusqu'au dernier pour monter en bourse. Pour moi en tous cas, ce sera la tête la première. Mieux vaut être à la place du thon rouge qu'à ma place à moi.
Putain de connards de connards de connards de merde.




"Lorsque l'homme aura coupé le dernier arbre, pollué la dernière goutte d'eau, tué le dernier animal et pêché le dernier poisson, alors il se rendra compte que l'argent n'est pas comestible".


vendredi 22 juillet 2011

Dis moi des mots d'amour

Des mots qui me touchent. Autant que cette pluie de feux d'artifice qui sont tirés pour nous (rien à voir avec la fête nationale en tous cas) au fil de notre grande migration vers le sud. Plus on roule et plus il y en a, et ils sont tous en bas à gauche comme par hasard là où T. ne peut pas regarder parce qu’il a un torticolis. Mais c'est que le début. L'autoroute du soleil avec la tente dans les bras, le manque de place, S. à côté de moi à qui je raconte ma vie en vain:
-Haaaaaaan Sylvain regarde! mais regarde
-C'est quoi encore cette merde?
-C'est des autocollants pour ongles en forme de fleurs des champs c'est beau hein?
-C'est horrible
10 minutes
-Hé attend je t'ai pas montré! Regarde ce que j'ai moi
-Tu plaisantes? c'est une blague? un spray rose qui envoie des paillettes?
-Rien à voir c'est un brumisateur de poudre scintillante
-Ah ben ok alors.

On est arrivés à bon port (qui était vraiment un port, et qui était ma foi bon), après des madeleines payées 10cents de trop sur l'aire de Montélimar. Cher délicieux les madeleines. La mer, la mer, la mer, sous la pleine lune et l'air marin de la mer. Dormi de part et d'autre, sur la plage, dans la voiture, à la sauvage. Je dors gelée parceque j'ai oublié de fermer la fenêtre en pensant à tous les rorquals qui sont entrain de vivre près de moi dans l'ignorance de tout le monde du monde. C'est une courte bonne nuit salée.
Le matin, le gars du camping est Paul Watson et veut nous donner de l'argent. Il boite bas vot'copain dis. Comme tu dis Paul.
Le reste est complètement choco. Dans le desordre: mon premier orteil dans la première poignée de sable, nos premières mirettes ouvertes sous la surface (avec dedans des grains de sable, du sel, de l'acide sulfurique et des éclats de verre, mais somme toute agréable). Tranquilles les mecs.
Port-cros ou l'arnaque finalement compensée par le Space Mountain:
Déjà courir vingt milles avec la bouffe pour quatre et les rabanes et les affaires de plongée sans savoir où est l'embarcadère et en étant proche de rater le bateau je n'accepte pas. Mais finalement on s'est stressés pour rien, on était grave large (au moins une milliseconde d'avance). On l'aurait raté je vous aurais découpé en rondelles et jetés dans la Bourbre, mais ok pour cette fois.
Ok pour le moment.
Quand on voit ce qui vient après.
Pas de cétacés (normal mais sait on jamais, c'aurait pas été la première surprise). Une heure de marche dans la montagne et la forêt à la recherche d'une plage qui s'approche et s'éloigne, et s'éloigne, et s'éloigne, et est de plus en plus petite de l'autre côté de l'océan. Moi je suis pas venue enfiler des perles alors si il faut y aller à la nage ou en tyrolienne j'y vais quand même. J'emmerde la foret moi. C'est pas trois pins parasol qui vont me barrer la route. Enfin si. Je vais mourir en fait. Plage du Palud: 20 minutes (trois secondes de marche) Plage du Palud: 10 minutes (1h50 de marche) Plage du Palud 15 minutes. Pourraient bétonner quand même. C'est mal entretenu ces réserves naturelles. J'hallucine.
Trouvé la plage, la passerelle dangereuse qui y mène et l'eau claire de la Méditerranée comme on aime bien. Un abri sous les tamaris, dans le sable, la meilleure cabane qu'on ai jamais connu. Et dans cette cabane, des gâteaux complètement chocos, des siestes à l'ombre, des pique-niques de rois, des mots croisés, des discussions, des enfants qui déciment l'île avec un micro qui a plus de pile (ben c'est dommage dis donc! vas vite voir si tu trouves pas des orties ou des oursins, parait que si tu en manges tu peux devenir invincible. Connard va). Et l'autre qui arrive la, police nationale de Port-cros les bain bonjour, vous abîmez les tamaris la en étant dessous sans rien faire, allez allez. Ah les enfants! comme vous êtes mignons à arracher des bambous et à faire griller des dauphins, vous méritez une sucette. Vous les jeunes, que je vous y reprenne plus a faire la sieste comme ça, bande de délinquants. Tranquille le mec.
Ouais bon. Combi, palmes, masques, tubas: parés pour le voyage extraordinaire. Vol au dessus des ruines, de la posidonie, du silence complet. Un peu de mal de mer avec la houle et la tête qui tourne mais c'est pire que la drogue. Arrivés au bout de cette faille, une immensité de bleu, presque plus de vie sauf quelque gros poissons lents, des rayons de soleils filtrés par l'eau qui s'arrêtent net avec la profondeur. On vole au dessus de mètres de vide, c'est tellement de vertige et de joie. Et aussi un peu de noyade au bout d'une heure quand la plage est tellement loin et qu'on est devenus tout bleus et qu'il y a de l'eau dans le tuba. Accrochés comme dur comme fer à la bouée pour ne pas couler, sans souffle restant, impossible de bouger les chevilles à cause des palmes, le meilleur moment.
Ben si c'est ça le sport.
Ressortis gelés avec un litre d'eau de mer dans les poumons, poursuivis par une vive et doré au soleil longtemps et délicieusement avant de récupérer une température corporelle viable. Je dore en pensant déjà aux immenses algues qui se balancent à cause de la houle, et la vie furtive qu'elles abritent.
Si j'avais su, je serais restée là bas. Le retour = la mort. Si tu savais pas si tu avais le mal de mer, au moins maintenant tu le sais, tu as le pied marin (et manquerait plus que la mer me rendre malade moi). Pourquoi il va si vite le bateau? pourquoi ils condamnent les issus? pourquoi personne fait rien? Un moment d'apesanteur qui me soulève le coeur jusqu'au cerveau. Ah d'accord je vois. On va donc mourir la. Très bien très bien.
Je pense qu'il faudrait regagner nos places tu crois pas? cloués sur place puis soulevés, puis recloués, puis secoués par le côté, puis accrochés à une barre, trois pas de côté. On va pas y arriver, il faut s'asseoir la. J'ai le cerveau qui s'est embué, tout est sourd et lentement bascule. D'un côté, de l'autre, en avant à droit, en avant à gauche, je vois la terre, je vois le ciel, je vois la terre, je vois la mer, je vois le ciel. Un courant d'air salvateur. Des sacs plastiques qui circulent, le capitaine qui fait un signe interrogateur du pouce. Moi? ooooooooouuuuuuuui ça va. Pas vomi. Finalement bien rigolé, la rivière Canadienne perpétuelle. Ça valait bien ses 25€!
Et d'autres choses aussi. Un beau feu d'artifice à Sanary les pieds dans l'eau du port avec les voiliers illuminés par les guirlandes. Le bouquet final qui nous a cassé notre gueule aussi. Oh non je veux pas voir ça au secours.
Une belle journée pluvieuse et grise avec la plage pour nous tous seuls (et pour les mecs qui avaient un tire bouchon, sans qui nous n'aurions pu survivre), autour de donuts d'après baignade et de bières. De belles vagues bien dangereuses qui nous éclatent sur la plage (houmtchje), accrochés désespérément à notre bouée de sauvetage que S. n'arrive pas à tenir (tout comme il n'arrive pas à faire la planche, le gagouel de la mer), au secours je vais me noyer au secours. A non c'tait rien. Balais de mouettes. Puffin Yelkouan.

Ce séjour fut rempli de la nage majestueuse des crustacés et des crevettes, mammifères incontestables. La mer regorge de thons, ces dauphins de taille respectable. Mais surtout attention à la zrub, la zone de baignane non protégée (pfd: pas perdu la main). Sans oublier le sif et le sug mais bon.

Pour clore le tout, après des repas de pâtes et de sel, un 280 au compté pour dire au-revoir. Venez on va voir la mer une dernière fois. Quoi? cette merde? c'est que de l'eau hein, t'as une baignoire non?


Au fond de son coeur on reste etrangers, enfin si on en a un.
Moralité: Plus de maquillage, plus de parfum, des cheveux frisés pleins de sel. Nature, sans arôme. Elo de la ville est plus belle qu'élo de la campagne, mais moins heureuse, donc moins belle.





mercredi 20 juillet 2011

Batlefield

Je sens comme si mon visage avait gonflé et était comme anesthésié. A 100 000 lieues de moi, des évènements adviennent, sans moi. Comme dans tous les rêves gâchés où je rate la fête qui se déroule sous mes yeux, je suis sur la touche et la partie se joue, et elle sera finie avant que j'ai eu le temps de réagir pour y prendre part. J'enfile tout doucement mon jean. Je le change. Je suis tirée en arrière par des fluides invisibles, je fais demi tour parceque j'ai oublié un objet inutile sur la berge et je m'assois sur mon lit pour réfléchir. Time goes by. Je reste assise.
En attendant toi tu es toujours partie. Tu vas pas revenir hein. Sur la barque tout doucement, la barque qui va tout doucement.
Mon visage est enflé et j'ai du mal à bouger les lèvres pour te dire ce que je voudrais. De toute façon, tu n'entends pas. Tu es sur la barque.
Du temps s'écoule. Ça fait même pas une minute que ça fait déjà un quart d'heure et que ça fait déjà une heure et que voilà. Il faut me lever de là, rattraper la fête ou à défaut, aller grignoter.
Poisson sauce barbecue. Haricots à l'eau sauce barbecue. Fromage à l'eau sauce barbecue. Et puis finalement que sauce barbecue. Elle ira combler les lieux desquels l'eau s'est déversée en fleuve. La sauce barbecue rendra force aux muscles, gloire au cerveau, qui redeviendra capable de traiter des informations et d'en tirer des conclusions pour l'avenir. Et il trouvera les moyens pour trouver des moyens.
Et ben si c'est pas dommage ça. Cet ourlet d'oeil qui est devenu phosphorescence, littéralement.
Il va pas venir. Le prince qui sauve les familles. Il viendra pas, c'est ma faute, le type antalgique, le berger de la mer qui sauvera mon globicéphale. Le pilote qui volera jusqu'en Polynésie. La petite fêtarde fidèle qui réconfortait tout en cas d'échouage a disparu, le numéro dans le répertoire qui défile et qui sera là, de manière constante, avec une solution par problème et un amour inconditionnel de la vilaine petite canne. Le numéro qui tapé apporte un portoloin pour l'autre face de la terre.
Don't care. Reste refuges de secours d'urgence.
Pour quand refuges de secours tout court s’écroulent en morceaux.


jeudi 7 juillet 2011

Le cri du faucon

On verra bien si les fourmis habituelles dans mes jambes auront été exorcisées par les heures de marche dans la forêt. Ces jours sont des heures étalées à remplir comme on le voudra, avec les marche qu'on décidera et les siestes dont on aura besoin. Le stress de l'école et des rues se dissipe et laisse de la place pour des bons moments, quotidiens et sereins. P. et moi avons démonté la cheminée pour sortir la petite queue rousse qui y était coincée, et sauvé un merle. Devant l'inné des réflexes je reste muette, ce petit merle qui ouvre grand le bec pensant que le chat va le nourrir. C'est toutes ces réponses sans support qui me troublent, l'eau salée qui sort de l'oeil en défense contre les malheurs de la vie. Il y a en a eu de l'eau salée sous les ponts cet hiver. Et l'hiver est passé vite, le printemps est passé vite et c'est l'été qui réussit à reprendre un peu son temps. Au bord des étangs, les oisillons sauvés entre mes mains, les photos de libellules, la perspective de prendre la mer après des mois de désert, arrivent juste à contenir la fatigue accumulée par l'épreuve d'M. malheureuse et ses rituels nouveaux. Et les miens. Je ferme des portes de placard derrière moi pendant des jours, parceque je sais bien que c'est ce qui empêchera la mort d'intervenir dans ma vie.
Pour l'instant la montre tourne et elle n'est pas au rendez-vous. Il n'y a au rendez vous que des arbres et des poissons, des fruits et légumes et des romans dans le hamac. Après, un écran noir mais peut être qu'on ne sera jamais après. Dort dans son petit nid en serviette de bain comme un gardien pour mon sommeil troublé à moi. L'oisillon prend son envol de ma main pour aller se percher sur le noisetier, on envoi cette petite chose réconfortante à protéger, protéger le jardin.
C'est l'été

Les hommes - semble t-il- peuvent supporter les plus lourdes charges tant que la vie conserve un sens pour eux. Sàndor Màrais.

lundi 4 juillet 2011

C'est la vie

C'est la vie qui est la vie. Derrière nous les marées. Après nous le déluge. Un bain de brume à la plage, j'ai ramassé plein de coquillages minuscules et tous cassés qui se sont broyés dans ma poche pour la plupart, et pour les autres ils restent ici.
Moi aussi je reste là bas. P. et M. se promènent sur la berge et prennent des photos de la barque retournée. Le vent s'est levé, j'avais un masque de sel qui me tire toutes les rides du visage. Tout était irradié avant ça, que le soleil se couche. On a brûlé quelque part quelques heures quel bonheur.

vendredi 1 juillet 2011

Juste pareil

Je parle avec toi et je me rends compte que tout irait bien si tout le monde était toi.
Quand on était petites, on voulait le jouet des autres et quand on l'avait on n'en voulait plus. Dans les mains des autres, les jouets avaient toujours l'air extraordinaires. Maintenant, il reste encore de nous enfants dans nos vies. C'est ces bêtises qui dirigent l'amour. Si tu m'aimes pas je t'aime. Si tu m'aimes je ne t'aime plus autant. Aujourd'hui, c'est juste pareil comme avant, mais on a changé de jouets.



vendredi 24 juin 2011

De vent et de rose

On a fait tout le tour de la terre, on a même demandé à Dieu. C'est des kilomètres de ruban qui défilent sous nos roues. La route s'étire, interminable. C'est tous ces paysages de France passés au peigne fin et les grands espaces, ces grains de sable et de sel sur les sièges arrières. Dans le rétroviseurs, les participants les cheveux en paquets. Le vent par les fenêtres et on voyait passer des flamants roses et des marais, des étiers. A l'intérieur de ces moments heureux, qui reviennent et se répètent, ces mois d'août consolants qui font oublier. A grand renfort de sentiers marins et de forteresses, de monastères et de virées de bord. Tout mon coeur appartient à nos voyages, aux sols sur lesquels nos pieds ont marché, aux huttes de pêcheurs au bord du lac dans le vent. Quand je penche la tête, tous les jours de l'année, j'ai un bâton de pluie rempli de coquillages qui résonne. Et la trajectoire des migrations de baleines, et de toutes les espèces qui seront à nos rendez-vous. Chaque kilomètre au compteur c'est un gramme de peine qui se dissout, où qu'on roule et où qu'on erre, la nuit et le jour, les matins et les fins d'après midi.
Je revis précieusement, souvent, le déjeuner sur le port avant le soleil, la promesse de la croix du sud. Une virée. La colonne cassée contre le sol qui tangue du ferry, pour voir apparaître dans les embruns les ombres des îles sur une mer de vent et de rose.


mardi 31 mai 2011

Rafale de rafale de rafale

Viens à moi mon copain pilote.
C'est quoi encore cet avion à la con? mais c'est nul? ils sont nuls! c'est l'armée ça? oh non mais ils font encore cette figure...
Occupez vous plutôt de remettre le parasol en fonction, sinon on est mal (et avec un total de 13ans d'études cumulées après le bac ça devrait le faire). Moi je bronze passivement en attendant. Allez allez!

On a pas rigolé longtemps. Quand on a pris en face les vingt mille décibels de réacteurs de rafale (que j'ai pris en mode rafale et qu'on espère pour lui qu'il y avait pas trop de rafales pour le déstabiliser). Ça fait des jeux de mots avec rafale. Mais c'est limité.
Devenus petits. La puissance de la bête, comment c'est nous qui avons construit ça? c'est un animal terrien qui a fait cet appareil mobile extrêmement maniable? et c'est qui qui conduit d'abord? C'est une plaisanterie!

Il va s'écraser la. Ah non c'était rien.

Tu penses qu'elle va décoller la petite camionette? tidiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!

Bref, une seule leçon à retenir. La plus grande de mes passion c'est de voir. Utiliser mes yeux. C'est pas les baleines ou les avions ou les origamis ou l'art ou la nature ou bob l'éponge. Mon vrai amour c'est que des signaux entrent par mes yeux et arrivent à mon cerveau que ça rend heureux. Plonger dans le silence, du son on en a pas besoin, dans le mutisme, dans l'anesthésie ou la parésie mais jamais jamais perdre ma retine.

Aphasie

Je vais être malade.

Décrocher la lune scolaire, pas tiré de joie. L'école c'est pas la vie, ma moyenne c'est pas mon reflet, c'est pas lui qui me rendra heureux. Après avoir lu mes résultats de folie, des démons viennent et prennent la place. Il y a d'autres plaies, bien pire que des semestres et des métiers, qui dépassent tout et qui ne seront jamais dépassées par rien.


Un trou dans l'estomac en briques. Un coup. Mais je rends les coups. J'en perd mon langage et moi dans toute cette histoire où je suis le seul personnage. Quand des mots sortirons, tout deviendra vrai, tant que les mots sortent pas, tu m'attraperas pas. Qu'est-ce qui se passera? on va perdre nos cellules? on va menacer des gens qui nous aiment? Ça passera bien vite, on fera un petit tour et puis nous en irons, repeupler des vallées et des rivières.


C'est pareil toi. Toi, détail, J, si je t'attrape je te depece sur place. Cache toi en attendant et le jour viendra, tu iras mourir quelque part, loin de nous, loin de la mer et la moindre molécule de toi sera balayée avant d'avoir contaminé la terre.

Contre toi je livre un combat sans fin jusqu'à la mort. Su tu réussis à infiltrer mon quotidien tu deviendras mon seul ennemi, le seul sujet de mes pensées, la chose qu'il faudra tuer avant qu'elle ne me tue. A partir de là, il n'y aura plus de nuit ni de jour, il ne restera qu'un champ de bataille qui s'étendra à l'infini.

samedi 28 mai 2011

On est bien!

La machine à jouer est en route! Je veux bien sur parler d'E, the master of the game toutes catégories confondues avec un faible pour ce qui se fait deviner, l'inégalable joueur univers. Compréhension entre coéquipiers, capacité de dessin, proposition de réponses intelligentes...

Il est heu... petit. C'est un livre. La bible? hé non! c'était le petit prince, c'était simple quand même j'ai dit petit! petit = petit prince! Il y en a pas non plus vingt mille des gens qui sont si petits!

Pas grave, on va se refaire. On en tire avec un arc= Heu... pommes? faisan?
Mais putain mais tu tires des pommes à l'arc? est-ce que ta mère tire des faisans à l'arc?
Sa mère non, mais son père peut-être. Espèce de connard va! T'es trop con c'est pas possible mais réfléchi un peu putain de merde.

C'est tellement mignon, tous ces efforts vains. Tous ces dessins manifiquement appliqués qui se transforment en sorte de bonhommes pomme de terre. Et puis il y avait surtout ce mot impossible "rébus", mais allez t'en fais pas je vais deviner celui-la tu as qu'a me le faire en rébus!

Ah tant de larmes de rires et de larmes de rosé, pour un nouveau cubi vidé et de nouveaux amis heureux. Comme tous les vendredis soir minus.


samedi 14 mai 2011

La nuit de la police

Oh oui ! Je me suis arraché une moitié d’ongles, j’ai du Posca. J’ai des cœurs sous les yeux, on m’a écrit YEAH dessus, j’ai le cœur dans le dos. Mais ça c’est le jeu ma pauvre Lucette!

Lucette , même si on a de la rancœur passée contre elle pour on ne sait quoi, qu’on ne compterait pas sur elle pour une affaire sérieuse ou qu’elle est faux-jeton, elle est gentille quand même la petiote, et elle a surtout beaucoup de classe. Et d’incroyables chaussures. Le jeu il est dangereux. Il est compliqué d’en comprendre toutes les règles et de se remettre en un seul morceau le matin, sans que la partie tourne au vinaigre, comme tant de fois elle y tourna jadis. Mais bon, on n’a pas tous les jours vingt heures devant soi et un transat au soleil pour s’échouer demain. Le petit robinet du rosé est beaucoup sollicité et répond plutôt bien à la sollicitude. Allo la police un monsieur ivre a disparu dans l’obscurité. Et tout ça, ça nivèle les niveaux mais on s’en souviendra surement pas. Tombés dans les cartons à l’ancienne. Virevolté riant old fashion style, selon la bonne recette secrète d’antan. C’est encore la police ? Imagine c’est la police ? Imagine c’est un piège ? Ils t’attendent devant là je crois. Ils ont dit qu’ils nous rappelaient si ils ont un problème. Pour qu’on les protège il me semble ou j’ai mal compris. Caroublés de l’intérieur de toute façon on a pas peur, et il reste qu’à rester enfermés là jusqu’à cinq heures du matin, on est pas cons non plus. En fait j’aimerais bien pouvoir raconter toute la folie qui s’est passée et toute la joie, mais c’est rien que de la broderie ce truc, je sais plus vraiment si j’ai des souvenirs. Et ceux qui restent, c’est pas le plus important. C’est plutôt le printemps, c’est pas possible ces journées qui s’étirent au soleil et qui finissent au frais dans la fête. Mais qu’est ce qui va encore nous tomber sur la tête (à part le bourré qui s’est fendu le crâne quand le sol lui est vraiment tombé sur la tête) ? Pété le crâne par terre, sonné chez le voisin « OHHHHHH monsieur ! TU ME RAMENE en vouatttturrrrre ? », roulé dans le fossé surement. Pas vu. Et ben il est beau l’âge moyen ! Après avoir tout bu, tout valsé, tout viré, mis le feu à tout cette nuit, nous nous endormons, main dans la main, dans cette belle chaîne du sommeil d’amour à toute épreuve. Fait nuit mais presque jour, je sais pas vous mais je vais faire une petite sieste dehors moi ! Une épaule et voilà, même pas un tour complet et puis s'en vont.

Je ne veux que toi

Sur le muret dans ce coton, au bord du cimetière, je te caresse une joue et tu es triste. Et pourtant je dis: je ne veux que toi.

Enfin si possible toi et puis d’autres, et des tartes, et des ombres, et du jeu. Et surtout, surtout, de mon souhait exaucé. Et puis voilà après c’est bon, j’embète plus personne. Le monde peut s’éteindre si le cœur lui en dit.

Au million de cotillons. Au jeu.

Joyeux aaaaaniveeeeeersaire élo!

Je sais pas du tout comment on en est arrivés là. A quel moment ça a commencé à virer pour qu’en entrouvrant un œil courageusement je vois une cacahuète braquée sur moi et quelqu’un derrière qui dit « Mais peut être que cette cacahuète c’est le nouveau fils de Dieu ! Si ça se trouve t’as soufflé Marie pour ton anniversaire ! Ca c’est de l’anniversaire ! ».

Avant tout ça, nous devant la maison. Dans le soleil un peu froid mais bon, devant des mojito maison, j’ai eu un nouvel âge. Pour fêter ça ils se sont pas moqué. Les fourmis du rire irrépressible qui m’ont pris quand j’ai vu ces déguisements débiles, j’en ai eu un œil humide je crois. Heureusement que T. a eu de la classe pour rattraper tout le monde. J’ai bu le soleil dans mon grand verre Perrier (on m’avait forcé), et après ça, un chirurgien m’a proposé de m’enlever un bout de poumon « allez ! steuplait ! », et quand on voit le chirurgien on a tout compris. Il avait même apporté un trombinoscope qui fait de la lumière avec des photos des gens de l’entreprise pulsées tellement vite que ça décompose les mouvements de l’organigramme de l’institution.

Puis un signe divin, la salade de riz. Et des merguez et de la viaaaaande pour bien mangeat ! Je deviendrais ensuite monsieur propre, vous serez la fée clochette ou Brian Joubert. Et ce sera écrit sur vos fronts. J’ai eu de quoi plonger vingt mille lieues sous les mers quand le temps viendra, et un bonnet de bain en forme de poisson pour la douche (au cas où).

Un carnage. Le jeu de carte.

Pas un seul capable de se tenir, pas un pour en rattraper un autre. Personne qui écoute les règles, personne qui suit, une sorte de poulailler mais avec plus de dindon que de coutume.

Le chirurgien : Ah mais on doit pas dire n’importe quel mot ?

Le vénitien : non mais il y a des règles putain !

Le chirurgien : il y a des règles ? ah ok ! Je croyais qu’on devait dire n’importe quoi et faire n’importe quoi de manière aléatoire !

Foufou du foot du 38 : Ca explique tout.

Le marin : bon chut tous ! Pour mon enchaînement de mots je choisis le thème… les saisons. Printemps, été, automne, hiver, et voilà t’as perdu. Et déluge indien c’est pas une saison ?

El sensual : woh putain c’est nul oh pfff.

Le hippie : mouais

Le chirurgien : avant de boire maintenant on doit faire des quadrallélépipèdes avec les mains ok ?

L’assemblée : …

Pour clore le débat, mettre fin à toute tergiversations, let’s rock again tous les deux dans le stroboscope.

samedi 9 avril 2011

This is my home, this is my home

Ma maison c'est au milieu de ces bras. Multiples, nombreux, sans faille. Comme si autant d'amour m'était du ou tombé du ciel, sans que j'ai jamais rien fait pour. Juste pris de l'air puis retenu mon souffle. Pourtant il est là, à mes côtés, une sorte de dans ma poche. Il apparaît dans des détails et des grosses choses, mon ange gardien qui aurait pu être un corvidé ou un rapace, quelque soit son plumage, à me voler dans les plumes.
Je bat des cils et il bat de l'aile, je fais la pluie le beau temps et des ravages sur son ramage.

Toi et moi, en d'autres temps, dans une autre vie. Tout aurait été peut-être différent, sauvage ou non fragmenté. Pas comme un tiret. Différent quoi.

Toi et les autres, je vous plierais comme des cocottes en papiers, à ma façon, à ma sauce à moi. Je vous ferais tomber du ciel pour mes beaux yeux. A toi je t'en ferais voir de toutes les couleurs, mon short, les demis ongles, la croix du sud, tu en croirais pas tes yeux, je te briserais en mille morceaux et je te recollerais impatiemment, parceque je supporte pas d'attendre et du coup un peu mal mais toi et les autres vous avez l'habitude que ce soit un peu pas parfait. Je te rendrais électrique, je t'incredibilserait de mes théories, j t’éblouirais, tu seras aveuglé une fois, plusieurs fois, toutes les fois.



samedi 26 mars 2011

Come take me over

Je suis la seule à sourire mais c'est normal, c'est le printemps. C'est à cause du premier rosé. Le remède à toute épreuve. L'herbe est verte. Et le magnolia d'en bas me touche, de près, de loin.
Je sais plus quoi penser, à 3H j'ai plus d'idée, je suis juste Garfield. Voilà c'est tout.
J'ai comme l'impression d'être à côté de la plaque, que le vent a tourné, que ma chance est passée. Il me faudra retraverser la ville à contre sens pour retrouver mon nid et mes esprits. Et quand ils sont enfin là, je cotonne dans le parc dans le chant des merles.
On a beaucoup rit. Mangé de pizza. Dormi. Joué à être systématiquement les derniers de la course. A plonger tous à la suite dans l'eau avec nos karts. Tout avait bon goût, c'est la fête.
Même si mon fantôme m'a lâché les baskets assommé par tant de vin, il reste une sorte de courant électrique qui s'installe dans les pièces.
Qui vivra verra bien si ça passe.


dimanche 20 mars 2011

Souleyman

Il y a toujours un démon derrière nos choix. Toi, tu n'existeras pas parce que je ne veux pas ton coeur séparé en quatre. Je ne veux pas de toi au milieu du Japon en ruines. Je ne veux pas de toi devant le 20h, ni toi devant des photos d'animaux éteints. Je ne veux pas de tes neurones qui dégénèrent, je ne veux pas de toi devant la porte battante de l'UHDC, je ne veux pas de bilan.

C'est pas que je ne veuille pas de toi. C'est comme de moi.

Orphelin, je vais partir dans le monde. Courir dans des pays. A la place.

Parce que je ne veux pas de toi montant les marches du pavillon de neurologie, je ne veux pas de toi arrosant les plantes du cimetière. Je ne veux pas de toi, endormie devant les dessins animés, digérant des gélules pour sauver tes poumons. Je ne veux pas te voir devant le nucléaire, je ne veux pas t'entendre dire que ça ira mieux demain, je ne veux pas te voir lire le programme de Marine, je ne veux pas savoir que tu fais des voeux, qui ne sont pas exaucés, qui ne sont pas entendus, qui partent dans l'air.

Je vais faire le tour de la terre, trois fois, vingt fois, des milliers de fois pour qu'il ne reste plus de fantômes. La tienne aura du mal parce qu'il sera tard, mais il reste une chance à ma peau à moi.

D'autres petits lancent des sos à travers les forêts et l'océan, on ne sera pas assez d'une seule maman à relever nos manches. Tout l'amour inimaginable que j'aurais eu pour toi sera ailleurs, deviendra de l'eau salée, des dunes de sable, comme les os de mes grand mères et de celles des autres. Il fera pousser des fruits, du pelage, des hectares d'Amazonie, de la salicorne, des petits homards, du thon rouge, du corail, du Céphalorynque d'Hector. A ce moment la je serais sauvée, et toi aussi. Viendra un jour, mes bottes dans la boue, ou tout ça sera loin.

samedi 12 mars 2011

P&F

Bam tchiki bawa, c'est ce que tu me dis. Miaou miaou miaou, et mon coeur bat plus fort.
Gitchi gitchi gou, that's mean I love you.

samedi 5 mars 2011

Mon Lion

Fin de vacances, retour au Terreau dans lequel j'ai poussé. Mes ramifications.
Des feuilles. Bientôt des bourgeons presque.
Mars, toujours froid mais bien joyeux. Des brownies denses sur les quais de Saône, tenus au chaud sous les manteaux par le soleil, intouchables par la vie mais pas par les pétards des merdeux.
Il y a la bas en haut du pont un saxophone qui brille, et un saxophoniste qui brille, qui font qu'on est bien, de retour dans ces années vingt. Des bouteilles ont été jetés plus au nord, elles défilent sur la rivière (parceque oui, les choses deviennent pas des fleuves juste parcequ'elles coulent à Lyon).
J'en profite un peu pour ouvrir des digues qui débordent, il y aurait même des sternes.
S'étale Lyon magnifique et ses Lyonnais débiles, adorables et beaux.
Et nous, pas in du tout, avec nos sacs.

St Jean, à feu et à sang, en plein soleil. Magasins de bonbons, odeur de crèpes, les pavés. A sang parceque c'est vrai. La jalousie, l'orgueil, l'acoolisme. La journée prend fin mais ça dure longtemps.

Et après elle, l'autre face du masque.
La fête. Les heureux fous qui se lancent des cacahuètes et cassent le bar en entier. Offert une fleur qui avait préalablement été dans le nez de quelqu'un à une jolie fille. Evité le pire, calmé le Martini, arrête de déchirer ça, toi sort moi ça de ta bouche, vas te laver les mains, parles pas si fort, tiens toi tranquille cinq minutes. Passé l'happy hour qui n'en étais pas un à cacher des objets dangereux pour materner des petits oisillons autistes sans frontière.
Pas pu retenir mes éclats pour le numéro de flipper le goudron, pas réussi à contenir autant de rire et fini par exploser à n'en plus finir. Et ben moi j'ai eu mal au dos. Et les mecs! ça ça me fait trop penser à des couvercles de confiture! Week-end, Heinekend! ouuuuaaaaaaaaiiiiiiiiis! wooooouuuh! Cassé le tympan. Surdité à la Gouchonnerie.

Puis le pims. La chance finale.
L'élan tardif, la toute dernière lute engageable contre le sommeil.
But pims not aviaible. C'est le royaume qui fait la reine. Un peu marché pour rien. On est pas fatigués. Parle moi un peu de ta vie.

Mon lion, du haut du pont, je te caresse la crinière. Beauté, dans les reflets qu'ils soient diurnes ou nocturnes, crépusculaires. Ce matin, une danse d'oiseaux dans la brume, je suis marquée.
Dans le nid les oisillons se reveillent, pas le temps pour un café, pas de croissants parceque plus d'argent, enrouler comme un million de fois les duvets.

Et le bouquet final, comme Dieu qui enverrai un ange voyageur de première catégorie tout catégorie confondue (oui oui), la dame du train.
Moi heu je vais le faire comme des andouillettteuh, j'les f'rai frite.
De quoi?
Friiiiiite, j'les fraifrite.
?
JLES FRAI FRITES!
Puis sommeil de plomb sous le rugissement du lion.


jeudi 3 mars 2011

A ceux qui vivent

En montant l'escalier de l'immeuble, je vois une petite silhouette de grand-mère et c'est la mienne. Mes derniers aïeux. Les dernières chances pour profiter de ceux qui sont encore là.
L'appartement est animé et joyeux, sent le café. Comme elle peut rire de bon coeur. Comme il en faut des efforts pour se relever de ces fauteuils.
La vie est passée lentement, a laissé une montagne de souvenirs pour arriver à l'heure des comptes. Dans un trait continu d'enfer, il y a eu ces points de bonheur sans limite pour aujourd'hui arriver dans un appartement chauffé, avec de l'eau au robinet, un écran plat et du coca zéro.
Il paraît qu'il y avait des mûriers, des figuiers, qu'il fallait chercher du pétrole, aller cherche la pain, rendre les savons volés, perdre son petit frère. Il y a eu des rires au milieu des pleurs. Des pères ont but mais tout est passé. L'heure du point sur la vie.
La vieillesse c'est tellement pas grave. Quand le réveil sonne à 3h du matin, qu'on peut toujours se lever avec la pêche et mourir de rire quand on se rend compte qu'il reste 3h à dormir. Etre diabétique et prendre des chips direct dans le paquet au petit déjeuner. C'est ça la vraie vie, un verre de Martini quotidien, un peu d'insuline et ça repart. Ma petite mémé voudrait qu'on lui coupe la jambe à ce niveau là mais personne veut. Alors elle à mal au pied, mais déplace les meubles, pousse le buffet, sert le café sur un plateau sans rien renverser, ne tremble pas, a de la dentelle dans l'oeil (napperon d'après cataracte). Dénigre les infirmières qui nettoient pas bien entre les doigts de pieds, resale et remet du beurre dans les plats fades de la mairie faits pour les vieux qui ont pas la santé et fait une petite marmite de pâtes bolo à côté pour faire un peu plus copieux. C'est pas à eux que l'âge peut venir se frotter, les quatre vingt dix ans ils leur botteront le cul.

L'autre toi

Clair de lune.
Des liens anciens qui se bonifient en vieillissant. Je me vois à travers ces yeux. Je suis cette personne. Traitée comme une princesse et même bien au delà de ça. Bien plus que des colliers de perles ou des colliers de nouilles. Des bals éternels, sous la lune, derrière des cocktails, sous des étendages. C'est un jeu. Prenant.
Qui se joue dans toutes les remarques qui n'ont pas pu être retenues, dans ces films, ces lieux, ces heures. Il reste quelque chose de latent, qui sort de moi par étincelles cardiaques jusqu'à la crise.
Beaucoup de matins joyeux. Beaucoup de couronnes et de temps pour se maquiller. Des royaumes et des moutons, des jeux de cartes, des chaises, des costumes.
Il y a toutes ces choses jalousement gardées, de précieux bouts de papier, des cotillons après la fête. A notre santé, tellement de verres levés, trinqués, sifflés, vidés. Vert, bleu, jaune, rose qui clignote dans ma tête à l'envers. Hier, des rires et des noyades.


mercredi 2 mars 2011

Nicolas

Lorsque l'homme s'éloigne de la nature, son coeur devient dur.
J'ai compris ce qui s'est passé. Il y avait avant tout ça une energie libre, sans ancrage qui détruisait tout sur son passage. Qui a papilloné, appelé la detresse, fait la fête, trop bu et en cherché partout des substances pour s'attacher, des lieux pour grandir, des dangers à affronter. Dans le fond des ruelles, des nuits, des inconnus. Le flot incontrôlable cherchait des barrières pour ne pas déborder et avait à l'époque trouvé la ville.
Ce qui nous a usés et rendu vieux.
Mais ça ne s'est pas arrêté là. La chose était invincible.
Elle a continué sa route, dévoré ma tête et trouvé une issue de secours, juste à temps. J'avais besoin d'un récipient immense pour la déposer, un espace vide, qui serait rempli que de coeurs salés comme les notres. Des coeurs de marins.
La mer a commencé à nous chatouiller les orteils vaguement de la plage. Petit à petit elle a commencé à nous tirer vers elle, nous faire plonger les cheveux, les yeux, les ouvrir, voir. Quelques mètres dans l'eau transparente, puis plusieurs mètres dans des eaux plus troubles. Elle m'a attrapé au milieu de ses griffes et m'a amené jusquu'à un point de noyade, de non retour. Et un jour ne plus voir la côte, se fondre parmi les léviathans.



samedi 19 février 2011

Only girl in the brain

Ah ben d'accord.
Et après ça il faudrait vous aimer quand même. Au terrier les louveteaux et plus vite que ça.
Pour la nuit entière, le uns avec les autres.
Plouf plouf une bague en or c'est toi qui sort! tu bois.
Ça compte pas t'as pas fait "pch" à la fin, je fais ce que je veux.
Jamais je n'ai manqué de denrées. Toute la nuit, mon verre fût à moitié plein, grâce à une bonne âme qui m'alcoolise. On devient tous des babas au rhum, on est tous la et compagnie. Au fil du temps, comme un glissement qui s'opère. L’inaltérable magie du jus de fruit de bas étages et de l'amour de qualité. Un lien unique, qui nous emmène tournoyer des heures, dans les bras les uns des autres, autour de tables, puis de verres, puis de rien. C'est le cours des choses qui est obligé de freiner devant nous (parce qu’on est plus nombreux que lui), d'attendre un moment avant de reprendre sa course (sinon on lui casse sa gueule). On se remettra dans la vie le lendemain, comme après un épisode d'apnée du sommeil, mal reposés, dans un champ de coton, journée maussade. Mais tout ça, c'est le prix du combat.
Il fait froid parceque c'est février, mais il y a un air de printemps qui reviendra. Joyeux anniversaire, tu as fini par avoir vingt ans! Et dans ma tête c'est le printemps, le printemps, le printemps. Ne reste qu'à se laisser emporter, valser et crier, monter le son, filmer, expliquer des choses incompréhensibles et se laisser choir, au fond du canapé, vidés.
Et quand je nous vois à travers mes yeux, au milieu de la piste de cirque, renverser vos verres un peu parcequ'ils débordent, rire parceque ça a débordé, et chanter de tous nos poumons:
humeneun make mi fil! like i'm zi oneli gueurle in the BRAIN! like i'm zi oneli gueurle in the NONE! je me sens vraiment comme si j'étais la seule fille dans le cerveau.

samedi 12 février 2011

Kilos volants sur le fleuve

Tout se tasse, au bout d'un temps. Tu as disparu, et j'ai compris. Que je ne reverrai plus jamais ma grand mère, que tu ne seras plus jamais entrain de chercher dans les bobines, que la recette de ta gratinée de noël est perdue.

A commencé une station debout devant une pente glissante pour ma famille, qui ne trouve pas le courage pour essayer de la remonter, et qui reste les bras ballant devant un tel désastre. Alors je me brise en un milliard de morceaux de glace, disloqués, en poussière.

Mais c'est bien moi qui me suis partout, qui suis bel et bien a l’arrêt de tram, qui a les yeux en l'air sur le fleuve pour un vol de canard. Qui sors le chat en laisse parce qu’il est malade, qui profite du premier soleil pour se régénérer dans un hamac. Régenérer. Générer de nouveau, refaire, produire une nouvelle fois. L'équilibre ne tient qu'a un fil, et le fil est fin, et mes efforts pour rester perchée vains. Le tout c'est « de rester en vie mais ne plus y penser ». Ce que je fais, en m'enroulant dans du sommeil dans ma nouvelle chambre magnifique et en n'écoutant plus jamais la musique pour ne pas prendre de risque et en partant photographier les marais, la petite chèvre et les poules dès que le soleil apparaît. J'aime mon chat comme on aime un bébé humain si on est humain et qu'on aime les bébés humains. Je me sacrifie pour un peuple qui n'est pas le mien, mais qui m'adopte. Je ressuscite quand je vois le plongeur dans les bras de la baleine a bosse, qui la berce dans ses nageoires, sans comprendre pourquoi. Des comportements incompréhensibles, inimaginables. Non programmés. Non hérités. Inespérés. Sans aucune probabilité.

Des tonnes qui volent. Des kilos de matière qui sont en suspens dans les airs, ne pèsent rien, qui peuvent se tourner dans tous les sens, voler, planer, flotter. Sans être contraints par la physique, particules monstrueuses parmi les particules normales.

Solaire polaire

Ça a commencé à me gratter. Un peu.

Dans l'hiver, l'allergie a commencé. Des démangeaisons de ville. Nocturnes, diurnes, irrépréhensibles.

Quand nous étions petits et quand nous étions grands, c'est à dire chaque jour de notre vie, nous avons ramassé des crabes. Avant, je ne voyais que l'étendue des baies grises, un paysage désolé, du sable toujours mouillé, ou la mer s'est retirée tellement loin, qu'on ne pourra plus jamais en atteindre le bord. Il a fallu fuir l'été, aller s'abriter du soleil sous les rochers, et mettre quand même de la crème solaire. La Bretagne, la mer, la grande ombrelle de toute ma vie. Mais petit a petit, tout a changé. Sous les rochers il n'y avait pas qu'un manque de lumière. Il y avait aussi des crabes et des anémones. Sous les rochers Bretons, il y avait la vie. Et la vie je la cherche, partout depuis. Le vent m'accompagne. A chaque minute. Il souffle, la bise, la brise, la brume, la bruine, un déchaînement continu sur le port. Il y a des années, j'ai les cheveux emmêlés avec du vent a l'intérieur. Je les ai dans les yeux, parmi les mouettes, et le goût du citron avec de l'eau de mer. J'ai l'impression que l'eau de mer est remède a tous les maux, qu'elle désinfecte les plaies en y injectant du sable, du crustacé et du sel, et que du coup on devient conservé et pures. Avec du recul, j'ai pris du retard, j'ai manqué d'eau de mer et j'ai failli mourir.

Il y avait un jour que je n'ai jamais savouré au bon moment, parce que ce jour la j'ai cassé mon argentique d'amour et brûlé toute ma pellicule. Mais pourtant, il y avait une tempête de sel et de sable et un paysage infini, sans aucune limite. Au bout du paysage, d'autres habitants. Des systèmes vivants. D'autre lieux. Il se tenait devant moi le phoque moine, rare et loin. Tellement loin que ça nous a tous énerve, merci les taches de graisse a un kilomètre et mes jumelles tremblent et j'en ai marre et j'ai avalé du sable il y a une demi heure et j'ai toujours les dents qui craquent. Plus tard, j'ai réalisé. Des phoques moines, en liberté, en voie de disparition, tenu loin a l'abri de nous, sauvés. Tant pis pour le reste, n pas s'approcher et savourer a distance l'incroyable étendue de l"évolution. Aujourd'hui, j'arrêterai de me nourrir pour un tel spectacle.

Il est loin le sable mouillé et le mauvais temps. Maintenant, l'eau s'est réchauffée et éclaircit. Il fait beau et nous avons découvert d'autres horizons, d'autres spectacles déchirants, d'autres faunes. La passion à pris le dessus et bat, a un rythme fou, avec les flots. Mais quelque soit ou nous sommes, parmi quelles baleines et sur quelle mer, nous n'allons pas oublié le point de commencement, le premiers voyage qu'avait été la Bretagne, qui a fait de nous des porteurs assymptomatiques de la folie de de la nature.


Et bim

Je vais mourir ici. Je regarde océans, par la fenêtre, océans, dans frigo, dans le vide, océans. Elle est loin ma baleine à des centaines de kilomètres de mon micro climat. Je tourne en rond dans cinq mètres sur cinq, derrière les vitres, enfermée parce que dehors il deluge. Le déluge en ville c'est pas la tempête. C'est des averses qui remuent de la crasse. Des torrents sur de la boue, sur des immeubles dégueulasses, sur l'hopital, le stade, la rue. La polution qui nous retombe dessus en gouttes.

J'ai envie de vomir.

Si seulement c'etait le mal de mer. Des embruns, pures, propres. La nature en apocalypse qui envoie tout valser sur les flots. Du grand air. Respirer encore par mes poumons cassés. Etre malade d'iode et de marré. Oui capitaine.

Plus de Grenoble.

Plus du virus.

J'avale de l'eau par le tuba, il y a maintenant des mois. Je vois mes palmes qui oscillent sous moi, au dessus du monde d'en bas, pour reprendre un peu de souffle. Je suis vidée d'energie, ne sens plus mes jambe, gelée, bleue, essoufflée.

Mais il y a un poulpe, parce que quelqu'un à crié « un poulpe! ».

Et d'enormes poissons, qui m'angoissent et m'attirent avec eux dans leur orbite funèbre. Je cherche, je cherche, je nage au milieu d'eux, je veux tellement voir, je vais finir par me noyer. Je vole au dessus des canyons. La peur enfin se desagrege. La plage est loin, je me serai noyée bien avant de pouvoir rentrer.Mes palmes, j'ai trouvé chaussure à mon pied, je vais tellement vite, sans resistance. Tellement de choses à voir et à ne rien entendre à part le bruit des colliers de perles qu'on enroule sur la coiffeuse. Des poissons dans l'eau.

Refuge. Pause. Une bouée.