samedi 26 mars 2011

Come take me over

Je suis la seule à sourire mais c'est normal, c'est le printemps. C'est à cause du premier rosé. Le remède à toute épreuve. L'herbe est verte. Et le magnolia d'en bas me touche, de près, de loin.
Je sais plus quoi penser, à 3H j'ai plus d'idée, je suis juste Garfield. Voilà c'est tout.
J'ai comme l'impression d'être à côté de la plaque, que le vent a tourné, que ma chance est passée. Il me faudra retraverser la ville à contre sens pour retrouver mon nid et mes esprits. Et quand ils sont enfin là, je cotonne dans le parc dans le chant des merles.
On a beaucoup rit. Mangé de pizza. Dormi. Joué à être systématiquement les derniers de la course. A plonger tous à la suite dans l'eau avec nos karts. Tout avait bon goût, c'est la fête.
Même si mon fantôme m'a lâché les baskets assommé par tant de vin, il reste une sorte de courant électrique qui s'installe dans les pièces.
Qui vivra verra bien si ça passe.


dimanche 20 mars 2011

Souleyman

Il y a toujours un démon derrière nos choix. Toi, tu n'existeras pas parce que je ne veux pas ton coeur séparé en quatre. Je ne veux pas de toi au milieu du Japon en ruines. Je ne veux pas de toi devant le 20h, ni toi devant des photos d'animaux éteints. Je ne veux pas de tes neurones qui dégénèrent, je ne veux pas de toi devant la porte battante de l'UHDC, je ne veux pas de bilan.

C'est pas que je ne veuille pas de toi. C'est comme de moi.

Orphelin, je vais partir dans le monde. Courir dans des pays. A la place.

Parce que je ne veux pas de toi montant les marches du pavillon de neurologie, je ne veux pas de toi arrosant les plantes du cimetière. Je ne veux pas de toi, endormie devant les dessins animés, digérant des gélules pour sauver tes poumons. Je ne veux pas te voir devant le nucléaire, je ne veux pas t'entendre dire que ça ira mieux demain, je ne veux pas te voir lire le programme de Marine, je ne veux pas savoir que tu fais des voeux, qui ne sont pas exaucés, qui ne sont pas entendus, qui partent dans l'air.

Je vais faire le tour de la terre, trois fois, vingt fois, des milliers de fois pour qu'il ne reste plus de fantômes. La tienne aura du mal parce qu'il sera tard, mais il reste une chance à ma peau à moi.

D'autres petits lancent des sos à travers les forêts et l'océan, on ne sera pas assez d'une seule maman à relever nos manches. Tout l'amour inimaginable que j'aurais eu pour toi sera ailleurs, deviendra de l'eau salée, des dunes de sable, comme les os de mes grand mères et de celles des autres. Il fera pousser des fruits, du pelage, des hectares d'Amazonie, de la salicorne, des petits homards, du thon rouge, du corail, du Céphalorynque d'Hector. A ce moment la je serais sauvée, et toi aussi. Viendra un jour, mes bottes dans la boue, ou tout ça sera loin.

samedi 12 mars 2011

P&F

Bam tchiki bawa, c'est ce que tu me dis. Miaou miaou miaou, et mon coeur bat plus fort.
Gitchi gitchi gou, that's mean I love you.

samedi 5 mars 2011

Mon Lion

Fin de vacances, retour au Terreau dans lequel j'ai poussé. Mes ramifications.
Des feuilles. Bientôt des bourgeons presque.
Mars, toujours froid mais bien joyeux. Des brownies denses sur les quais de Saône, tenus au chaud sous les manteaux par le soleil, intouchables par la vie mais pas par les pétards des merdeux.
Il y a la bas en haut du pont un saxophone qui brille, et un saxophoniste qui brille, qui font qu'on est bien, de retour dans ces années vingt. Des bouteilles ont été jetés plus au nord, elles défilent sur la rivière (parceque oui, les choses deviennent pas des fleuves juste parcequ'elles coulent à Lyon).
J'en profite un peu pour ouvrir des digues qui débordent, il y aurait même des sternes.
S'étale Lyon magnifique et ses Lyonnais débiles, adorables et beaux.
Et nous, pas in du tout, avec nos sacs.

St Jean, à feu et à sang, en plein soleil. Magasins de bonbons, odeur de crèpes, les pavés. A sang parceque c'est vrai. La jalousie, l'orgueil, l'acoolisme. La journée prend fin mais ça dure longtemps.

Et après elle, l'autre face du masque.
La fête. Les heureux fous qui se lancent des cacahuètes et cassent le bar en entier. Offert une fleur qui avait préalablement été dans le nez de quelqu'un à une jolie fille. Evité le pire, calmé le Martini, arrête de déchirer ça, toi sort moi ça de ta bouche, vas te laver les mains, parles pas si fort, tiens toi tranquille cinq minutes. Passé l'happy hour qui n'en étais pas un à cacher des objets dangereux pour materner des petits oisillons autistes sans frontière.
Pas pu retenir mes éclats pour le numéro de flipper le goudron, pas réussi à contenir autant de rire et fini par exploser à n'en plus finir. Et ben moi j'ai eu mal au dos. Et les mecs! ça ça me fait trop penser à des couvercles de confiture! Week-end, Heinekend! ouuuuaaaaaaaaiiiiiiiiis! wooooouuuh! Cassé le tympan. Surdité à la Gouchonnerie.

Puis le pims. La chance finale.
L'élan tardif, la toute dernière lute engageable contre le sommeil.
But pims not aviaible. C'est le royaume qui fait la reine. Un peu marché pour rien. On est pas fatigués. Parle moi un peu de ta vie.

Mon lion, du haut du pont, je te caresse la crinière. Beauté, dans les reflets qu'ils soient diurnes ou nocturnes, crépusculaires. Ce matin, une danse d'oiseaux dans la brume, je suis marquée.
Dans le nid les oisillons se reveillent, pas le temps pour un café, pas de croissants parceque plus d'argent, enrouler comme un million de fois les duvets.

Et le bouquet final, comme Dieu qui enverrai un ange voyageur de première catégorie tout catégorie confondue (oui oui), la dame du train.
Moi heu je vais le faire comme des andouillettteuh, j'les f'rai frite.
De quoi?
Friiiiiite, j'les fraifrite.
?
JLES FRAI FRITES!
Puis sommeil de plomb sous le rugissement du lion.


jeudi 3 mars 2011

A ceux qui vivent

En montant l'escalier de l'immeuble, je vois une petite silhouette de grand-mère et c'est la mienne. Mes derniers aïeux. Les dernières chances pour profiter de ceux qui sont encore là.
L'appartement est animé et joyeux, sent le café. Comme elle peut rire de bon coeur. Comme il en faut des efforts pour se relever de ces fauteuils.
La vie est passée lentement, a laissé une montagne de souvenirs pour arriver à l'heure des comptes. Dans un trait continu d'enfer, il y a eu ces points de bonheur sans limite pour aujourd'hui arriver dans un appartement chauffé, avec de l'eau au robinet, un écran plat et du coca zéro.
Il paraît qu'il y avait des mûriers, des figuiers, qu'il fallait chercher du pétrole, aller cherche la pain, rendre les savons volés, perdre son petit frère. Il y a eu des rires au milieu des pleurs. Des pères ont but mais tout est passé. L'heure du point sur la vie.
La vieillesse c'est tellement pas grave. Quand le réveil sonne à 3h du matin, qu'on peut toujours se lever avec la pêche et mourir de rire quand on se rend compte qu'il reste 3h à dormir. Etre diabétique et prendre des chips direct dans le paquet au petit déjeuner. C'est ça la vraie vie, un verre de Martini quotidien, un peu d'insuline et ça repart. Ma petite mémé voudrait qu'on lui coupe la jambe à ce niveau là mais personne veut. Alors elle à mal au pied, mais déplace les meubles, pousse le buffet, sert le café sur un plateau sans rien renverser, ne tremble pas, a de la dentelle dans l'oeil (napperon d'après cataracte). Dénigre les infirmières qui nettoient pas bien entre les doigts de pieds, resale et remet du beurre dans les plats fades de la mairie faits pour les vieux qui ont pas la santé et fait une petite marmite de pâtes bolo à côté pour faire un peu plus copieux. C'est pas à eux que l'âge peut venir se frotter, les quatre vingt dix ans ils leur botteront le cul.

L'autre toi

Clair de lune.
Des liens anciens qui se bonifient en vieillissant. Je me vois à travers ces yeux. Je suis cette personne. Traitée comme une princesse et même bien au delà de ça. Bien plus que des colliers de perles ou des colliers de nouilles. Des bals éternels, sous la lune, derrière des cocktails, sous des étendages. C'est un jeu. Prenant.
Qui se joue dans toutes les remarques qui n'ont pas pu être retenues, dans ces films, ces lieux, ces heures. Il reste quelque chose de latent, qui sort de moi par étincelles cardiaques jusqu'à la crise.
Beaucoup de matins joyeux. Beaucoup de couronnes et de temps pour se maquiller. Des royaumes et des moutons, des jeux de cartes, des chaises, des costumes.
Il y a toutes ces choses jalousement gardées, de précieux bouts de papier, des cotillons après la fête. A notre santé, tellement de verres levés, trinqués, sifflés, vidés. Vert, bleu, jaune, rose qui clignote dans ma tête à l'envers. Hier, des rires et des noyades.


mercredi 2 mars 2011

Nicolas

Lorsque l'homme s'éloigne de la nature, son coeur devient dur.
J'ai compris ce qui s'est passé. Il y avait avant tout ça une energie libre, sans ancrage qui détruisait tout sur son passage. Qui a papilloné, appelé la detresse, fait la fête, trop bu et en cherché partout des substances pour s'attacher, des lieux pour grandir, des dangers à affronter. Dans le fond des ruelles, des nuits, des inconnus. Le flot incontrôlable cherchait des barrières pour ne pas déborder et avait à l'époque trouvé la ville.
Ce qui nous a usés et rendu vieux.
Mais ça ne s'est pas arrêté là. La chose était invincible.
Elle a continué sa route, dévoré ma tête et trouvé une issue de secours, juste à temps. J'avais besoin d'un récipient immense pour la déposer, un espace vide, qui serait rempli que de coeurs salés comme les notres. Des coeurs de marins.
La mer a commencé à nous chatouiller les orteils vaguement de la plage. Petit à petit elle a commencé à nous tirer vers elle, nous faire plonger les cheveux, les yeux, les ouvrir, voir. Quelques mètres dans l'eau transparente, puis plusieurs mètres dans des eaux plus troubles. Elle m'a attrapé au milieu de ses griffes et m'a amené jusquu'à un point de noyade, de non retour. Et un jour ne plus voir la côte, se fondre parmi les léviathans.