jeudi 3 mars 2011

A ceux qui vivent

En montant l'escalier de l'immeuble, je vois une petite silhouette de grand-mère et c'est la mienne. Mes derniers aïeux. Les dernières chances pour profiter de ceux qui sont encore là.
L'appartement est animé et joyeux, sent le café. Comme elle peut rire de bon coeur. Comme il en faut des efforts pour se relever de ces fauteuils.
La vie est passée lentement, a laissé une montagne de souvenirs pour arriver à l'heure des comptes. Dans un trait continu d'enfer, il y a eu ces points de bonheur sans limite pour aujourd'hui arriver dans un appartement chauffé, avec de l'eau au robinet, un écran plat et du coca zéro.
Il paraît qu'il y avait des mûriers, des figuiers, qu'il fallait chercher du pétrole, aller cherche la pain, rendre les savons volés, perdre son petit frère. Il y a eu des rires au milieu des pleurs. Des pères ont but mais tout est passé. L'heure du point sur la vie.
La vieillesse c'est tellement pas grave. Quand le réveil sonne à 3h du matin, qu'on peut toujours se lever avec la pêche et mourir de rire quand on se rend compte qu'il reste 3h à dormir. Etre diabétique et prendre des chips direct dans le paquet au petit déjeuner. C'est ça la vraie vie, un verre de Martini quotidien, un peu d'insuline et ça repart. Ma petite mémé voudrait qu'on lui coupe la jambe à ce niveau là mais personne veut. Alors elle à mal au pied, mais déplace les meubles, pousse le buffet, sert le café sur un plateau sans rien renverser, ne tremble pas, a de la dentelle dans l'oeil (napperon d'après cataracte). Dénigre les infirmières qui nettoient pas bien entre les doigts de pieds, resale et remet du beurre dans les plats fades de la mairie faits pour les vieux qui ont pas la santé et fait une petite marmite de pâtes bolo à côté pour faire un peu plus copieux. C'est pas à eux que l'âge peut venir se frotter, les quatre vingt dix ans ils leur botteront le cul.

Aucun commentaire: