samedi 27 novembre 2010

Un brusque au revoir

Touchés. Coulés.

Coulés avant de s'être rendormis.

Je me réveille d'une nuit blanche dans du coton, en équilibre au bord d'une chaise. Les contours se dessinent dans du flou, du mur, du couloir, du plafond. Du couloir des urgences.

Derrière le lit un de l'UHCD, tu dors déjà.

Sortir prendre l'air pour que l'odeur de la médecine faillible ne descende pas jusqu'à mon estomac, qui se noue, et se noue, et se noue. Dehors, je fais le point dans le cauchemar. Petite chute dans la nuit. Paralysie du bras gauche. De la jambe gauche. Petit AVC. Pompiers. Bon pronostic. Aphasie. Perte de connaissance. D'espoir. Coma. Vendredi, je ne vis que des réveils. Le téléphone qui sonne. Qui résonne. Qui reresonne. Beaucoup de déséquilibres et de rattrapages de justesse a des objets. Des minutes cumulées ou je ne sais plus ou j'étais dans le monde. Je m'endors a un endroit, me réveille a un autre avec des nouveaux vêtements. Monte dans des voitures et oublie des trajets. Cache à M. qui est seule dans le salon, qui veut dormir, qui ne peut pas se battre contre ça, des secousses incontrôlables qui décapsulent des opercules. Répond a P. qui explique un passage incompréhensible entre conscience et coma. Brosse mes cheveux. N'arrive pas a enfiler un pull en laine. Je l'enfile finalement. Et serai quand même la pour te dire au revoir. Tu part te reposer en paix, avec dans les mains tout notre amour et un violon. Qui est infini.

Pendant ce temps, qu'il pleut des cordes, ravaler des larmes d'alligator sous les regards cachés posés sur ma petite fleur de deuil. J'ai des cendres qui se dispersent. La météo a tout rincé sans distinction, pour arrêter l'hémorragie.

Les images se dissiperont. La detresse du coma agité sera balayé par le visage qui est venu ensuite. On deviendra convaincus que les dernieres bribes de ta conscience auront été les sons de nous discutant de la vie à ton chevet jusqu'à la fin, et pas celles de ton bras gauche obsedant qui s'engourdit peu à peu.

jeudi 11 novembre 2010

C'est nos défauts

Immense nuit de fête, reviviscence puis re mort.
Le 30 octobre, on s'est un peu oubliés. Mais ça faisait un baille, qu'on était embarqués dans nos vies qui allaient un peu plus vite que la musique. Et puis stop. Si on arrête pas la course elle finit par nous noyer.
Ce lieu m'est bien familier. C'est comme si j'y avais déjà vécu, il y a longtemps. Les fauteuils ont été poussés, le sol aspiré avec du matériel professionnel, ratatouille est retourné vivre sa vie de rat hors de notre terrier (mais on sait qu'il reviendra). Il a suffit de peu de temps pour que le décors commence à osciller, puis à tourner, puis à réellement basculer. Sous nos piétinements acharnés de bourrés. Le temps s'est dilaté pour nous, il est devenu long mais est passé vite, peut être que c'est ça finalement le changement d'heure. Le rosé a coulé a flots, en rivière de diamant en plastique. On a exagéré, chanté, dansé comme au bon vieux temps. Avec un air de bal. Une immense fête qui subsiste un peu à tous nos chemins qui ont fait leur chemin. I insubmersible, ca ne prend pas fin. Dès qu'on se retrouve, on s'enlace, et c'est la joie qui surplombe tout le paysage.
Ca finit toujours comme ça. Comme une grande inspiration à pleins poumons dans la nuit. L'oubli. Momentanément, plus rien d'autre que du rire et ce défouloir de tango.
M. disait que c'était une parenthèse hors du temps. A ce jour, on n'a jamais trouvé meilleure définition.
"Tout ceci est déjà arrivé et arrivera encore". Impossible à corriger, ces forces qui nous poussent au déséquilibre au milieu de la pièce, qui me pousse vers mes cavaliers.
Danser pour toujours.

[une voix métallique qui chuchote dans mon cerveau, un micro sommeil les yeux ouverts sur le vide dans le cuir gelé des canapés. Nuit de rêves irréels, de couleurs impossibles, de sons atténués. Restés paralysés dans des positions inconfortables. Désorientation temporelle (changement d'heure encore), faim, impossible d'avaler des aliments, soif, des litres d'eau qui est absorbée et se perd je sais pas ou. Du chou. Du malaise. Du confortable. De l'ennui et de la tristesse inconsolable pour m'accompagner pendant des jours.]

A nos magiques ancetres.

J'en peux plus de la mort.

En fait M. avait raison, c'est elle qui me fait peur. Même si il l'a dit vite et sans prévenir, il avait mis le doigt dans l'oedème. Je veux plus, ces personnages qui peuplent nos vies et qui d'un coup, ne les peuplent plus. J'ai tellement peur d'arriver trop tard. Pour dire au revoir a ceux qu'on aime. Je me retrouve assise a table, la main sur la bouteille d'eau, seule face au terminus. Qui ne me touche même pas moi en fait, mais qui fait s'effondrer comme des châteaux de cartes des environnements proches. La stabilité du monde. Un terrain glissant.Trois petits tours et puis s'en iront tous. A chaque fois, rattrapés par les tentacules de l’inimaginable, l’incompréhensible, l'inintegrable, le non elaborable, l'impossible.

Et de l'autre côté, demeure l'appel. Le monstre nous fait des signes, venez dormir indéfiniment bercés au creux de mes bras velus, et trouver la sécurité. Fin de la peur. Fin de la douleur. Fin du trouble. Desserrer l’étreinte, accepter la fin de ceux qui étaient la depuis le début. Se laisser emporter par le flot et abandonner le bateau.

Et vous retrouver, dans tous ces moments de panique, comme dans le roi lion, comme une constellation qui veille sur nous pour le reste de nos vies.

vendredi 29 octobre 2010

Island in the sun

Ooninon ninin the sooooooon! nouvime pleuuu inon vinfooon. And they make me feel so vaneugentoto massel. Hep hep. (c'est plus marrant avec la musique)
C'est ce qui s'est passé. C'est comme ça qu'au bout d'un verre ou deux j'ai perdu la raison et chanté weezer avec T. Au grand désarroi de S, qui ce soir est Sam et aussi doit écouter nos chansons joyeuse. Hep hep. Quoi ça se dit pas comme ça? c'est pas une île dans le son, la céréale?
N'empêche qu'on est ptetre chiants mais qu'on est pas malheureux. Et en ces temps de guerre froide, faut le faire. You neverfibackinymooooooooooooooooooooooore.
Et vous vous rappelez quand j'ai fait semblant d’éternuer? NON?! mais c’était génial, j'étais dans une crise d’éternuements et j'en ai placé un faux au milieu. Ça s'est vu, j'ai été immédiatement démasquée.
C'est pour ça qu'elle rigole depuis une demi heure la greluche?
Ne me quittez pas.
Sinon qui contrôlera qui à la foirfouille?
Moi je surveille S, S surveille T et T me surveille ok ( Le cercle infernale) ? OK. Bon qui c'est qui s'occupe de S normalement? il a déjà quinze articles à la main la, dont certains en double et un porte papier toilettes. Faites quelque chose. SOS.
Avec qui j'irais faire du vélo jusqu'à plus pouvoir m'asseoir le lendemain.
Ah t'as réussi a passer cet obstacle? Je pensais que j'allais entendre un bruit de chute puis des pleurs et te voir avec le guidon dans l'oeil en me retournant.
Et ben non, je suis une aventurière sauvage moi. J'ai pas peur. Je suis pas con. Et puis il y a des compensations aux courbatures et aux bras cassés, le coucher de soleil (à 16h, eh oui c'est l'Isère) sur l'étang aux oiseaux et sur les blés. Et la radioactivité des forêts d'automne.
On a de la chance quand même de vivre ici.
Tu rigoles ou quoi? tu m'as dit le contraire mardi matin.
Ben j'ai changé d'avis.



mardi 26 octobre 2010

Un énorme chagrin d'amour

It biquème vérie compliquétide l'automne.
Mais bon, ça ira.
C'est allé vite, l'été, hop l'hiver. Bim. Et nous voilà dedans déjà dans les sapins, il givre le matin, la cheminée... prend feu dans le salon. Le chat, dont il manque une oreille maintenant, dort en rond et tourne comme un bébé. Bref, la température c'est fini, la parenthèse commence dès ici.
A vingt mille lieues hors de mon chemin, les baleines tirent leur dernière révérence sous aucun oeil brillant d'aucun spectateur dans la tempête. Au moment de se dire aurevoir, plus personne, plus que du silence et du vent sur la Méditerranée, enfin seule. Goude baille la nature et le sel. Si you, one zi oseur saillde. C'est le grand début du début de la grande migration.
Ail wil misse iou so.

Malgré toute cette douce et lente vie au compte goutte, c'est aussi la course. Des papillons de nuit contre des halogènes hallucinogènes. J'arrive fracassée contre des rochers en cours et j'articule bien quand on me demande des choses. Pas folle la guêpe. Je gère le pâté, mais quand même, j'ai un problème d'homo sapiens qui croît. J'ai perdu une partie de mon espèce ces derniers temps. Et c'est la que ça a commencé à bicominngue compliquètide.
Compliqué pour la vie sociale, le réseau urbain, la déperdition de chaleur, la technologie, le goût de ce qui fut jadis nos passe temps, nos conversations, nos fêtes.
La douleur s'est déguisée. A muté. A grandi. Qui aurait cru, mes derniers liens solides s'effondrant face à la nature. Man vs wild. C'est wild qui a gagné cette fois, le requin mangeur d'hommes et non l'homme mangeur de requin.
Il y a plus de 400 jours, j'entrevoyais brièvement ce qui semble être l'autre côté du miroir. Et depuis ce temps, d'autre trésors ont fait surface, derrière mon masque ou contre la coque de la Croix du sud. J'ai été obligée de le croire puisque je l'ai vu. J'ai commencé à reclasser les choses par ordre d'importance. A revoir mon comportement de primate, celui de mes amis primates, de ma famille primates.
A déméler un noeud de fils invivable dans ma gorge.
A perdre le sens complet de ma vie.
Mon plus gros chagrin d'amour.

samedi 2 octobre 2010

Pondaison de la cremière Lyonnaise

Oui parce que la vie c'est aussi Lyon.

Pour nous les paysans!

A chaque fois que je met le pied dans cette ville la nuit, toujours le même amour qui vient, quel beauté. Mais aussi un peu de rancoeur passée. Qui s'estompe lentement.

Tout à commencé quand je suis née. Enfin un peu plus tard, assise sur une chaise dans la cuisine d'un appartement à inaugurer (mais il le sait pas encore). Bonjour, pardon, d'où? De pas loin, en master, et vous, super, mes chaussures? À la mer. Elles sont belles tes chaussures je les veux.

Ce soir je bois pas (plus qu'une bouteille de rosé) promis. Le parquet flotte au sens large du terme, T. encaisse des sous en faisant la dame pipi, les cendres se dissolvent dans l'eau de la vaisselle et un numéro de magie amène à un raz de marée de cacahuètes sur le carrelage. Tadaaaaaaaaa!

On me reprend sur le sens des termes: le poêle?! C'est un micro ondes tu sais, c'est tout récent. C'est pas encore arrivé chez toi?

Moi je parlais vraiment du poêle.

L'appartement étouffe de monde, dans chaque recoin, dans toutes les pièces. Ça déborde de vie et des verres sur le plancher. Je me suis un peu perdue, à un moment ou à un autre, dans une sorte de balancement personnel. Tellement parlé. Mon nouvel ami Justin qui me fait mourir de rire sans faire exprès. Ça doit être de béret, ou les chaussures à gland, ou je sais pas.

Le rosé pétillant. Je goûte à la meilleure invention de l'ère. Je suis tout à coup bien assortie à mes chaussures, bien dans mes baskets en bref. Je me sens bien, sur mes talons d'or sur le parquet flottant, à perdre la trajectoire, à plus jamais arrêter de rire, à être la meilleure amie de grand schtroumpf. Des ballerines (rien à voir avec mes chaussures à moi) atterrissent sur la table au milieu des bouteilles, Cendrillon la Marseillaise est pieds nus quelque part. Un verre de plus, un de trop, et ce sera danse folle avec Cendrillon et n'importe qui.

Aucun souvenir physique de la suite. Tout comme vécu de haut, à reculons ou en plein dedans. Les fenêtres sont ouvertes sur les rues de St Jean, les passants regardent en l'air en passant.

Je m'endort un moment entre entrain de danser au milieu de rien et les lumières de Lyon centre qui défilent par la vitre arrière. Je me réveille je suis chez moi, au péage, au chaud.

Plus qu'à se laisser filer vers un sommeil de plomb.

mercredi 8 septembre 2010

Mon petit igloo

Je regarde mon petit igloo débouler dans la maison en racontant déjà une histoire incompréhensible qu'elle a entamé visiblement dehors. On arrive donc au milieu et le chat de tata lé méchant, la grifé maman, lé pas gentil paqu'il est méchant.
Alors que c'est même pas vrai.
Ma shoopinette.
Je suis devenue, quelque part, tatou baleine. Tatou de la mer. Tatou? les baleines sivouplai! Je me demande bien ce qu'elle peut comprendre à ces images qu'elle tient tant à revoir, la dorsale qui sort de l'eau et rien d'autre. Tu sais, il y en a une grande partie que tu vois pas, elle est sous la mer, elle a des yeux en vrai.
En tous cas ca ne fait pas peur, ce n'est pas dangereux, puisqu'on peut être "sur le bateau, avec tatou et les banèmes" quand on vogue sur le hamac (et le petit cerveau commenca à imaginer).
Bref, chez papi et mami, c'est la nature.
C'est pareil la nature, elle en veut, elle la demande, selon elle le chat l'aime parcequ'il est allé au banèmes lui aussi. Mais c'est quoi la nature dans une tête de deux ans.
Une idée floue qui englobe la cascade, le cri de la chuetteoulotte, et le rorqual commun, mais qui peut être est commestible, je pense qu'elle hésite encore. En voilà un bel aperçu. Moi j'ajouterais l'epeire fasciée du jardin sauvage de papi (mon soutient moral, ma meilleure compagne, ma maman araignée).
Miséricorde.
Mais c'est un petit boudin de doigt plein de bave qui tend dangereusement vers ma robe un morceau de pain qui supporte tant bien que mal un morceau de fromage recraché. Tiens tatou du fooooomage. Tatou t'aime mais ne peut guère accepter un présent qui vient tant de l'intérieur de ta bouche. Vade retro satanas.

Bref.
On part d'un toast porté à une cellule qui se multiplie, et quelques années plus tard, l'amas de cellule fait partie de la vie, commence à devenir... intelligent. Compréhensible. Vilain. Reveur. Manipulateur. Amoureux. Attentionné. Courageux. La petite chose friable sur le lit d'hôpital se dresse sur deux pattes, mange à la cuillere, remercie, forme des concepts, compte et comprend ce qu'est une couleur (sans en avoir retenu encore une seule), un souvenir et un proche.

Les banèmes c'est des poissons?
bahhhh vooooooouiiiii!



lundi 6 septembre 2010

Un lustre pour vivre heureux en attendant la mort

Un lustre pour sauver la vie. Aujourd'hui, mon cerveau n'est plus qu'occupé à passer du fil de fer dans un trou d'aiguille. Et à redémarrer en boucle son système nerveux. C'est pas bon, c'est pas bon, c'est toujours pas bon.
Je suis pas très digne, je suis plutôt pisseuse, je pleure comme des madeleines. Je suis plutôt collier de nouilles et papier crépon. Je suis là pour enfiler des perles. Je me noie au milieu de mes cotillons.
Je fais le compte de toutes les choses qui ne sont pas faites pour moi. Je repasse le fil la dessous. J'enroule. Les choses pour lesquelles "je n'ai fait aucun effort". Aucun effort.
La sentence vient du dehors. Ça se voit que tu ne fais aucun effort.
Personne ne pourra déceler combien les efforts que "je n'ai pas fait" m'ont couté plus qu'un oeil, une jambe ou un poumon. M'ont émincée à la hache et ont réduit tous les moments autour en bouillie pendant des mois, et mon sommeil, et mes sorties, et mes amis et ma famille.

Si on dézoom, on voit nous, entrain de s'acharner sur de minuscules petites choses qu'il faut pour être conformes. S'acharner, perserver et se casser les os pour que tout soit normal. On gratte encore un peu là où ca fait mal. Jusqu'à épuisement.
Alors que c'est le même sort que les quatre vingt globicéphales noirs qui nous attend.
Alors qu'on va disparaitre.

Bref, c'est "ici que je suis revenue à la vie". Stop.
Je m'en vais. Je quitte. Ca suffit. J'ai d'autres chats à fouetter avant de me désécher sur la plage entourée de bénévoles paniqués.
Aujourd'hui c'est terminé, vivons heureux en attendant la mort.

dimanche 5 septembre 2010

Vie

Ensemble des fonctions qui résistent à la mort.

samedi 28 août 2010

Une forme de vie

Mon grand père a frappé son voisin de chambre a l'hôpital. Il était temps de partir en vacances.
Une nouvelle fois dans l'oubli la paupiette. Partie en vacances, décroché le téléphone, le mascara et la bataille pour encore se retrouver nez à nez avec toi. Toi le banc de poissons, la plage d'or, les flamants roses, les abbayes. Vous tous qu'il me faut pour me restructurer quand il le faut. Se ressourcer, voilà. Rien de tel que monter dans la montagne à la recherche d'un temple perdu dans les rafales (l'avion). Je l'entend le silence, la quiétude, la vie solennelle dans les rosiers du cloitre, le froid de la mort dans la crypte. Pas la peine de rajouter des tartines de religion par dessus tout ça, la guide en extase, l'amour de Dieu c'est un peu encombrant. Et cette question, qu'est ce que le pêcher?
Un bel arbre qui fait des pêches. Voilà ce sera tout pour moi.
De toute façon, l'amour, le repos, la respiration, Dieu, est ailleurs.
Sur le trajet, dans le potager, sous la mer,
Le lendemain matin, on le sent bien l'amour de Dieu, au niveau des mollets et des tibias surtout.
Profite de la mer, ça durera plus. Je l'aime les vagues. La tête sous l'eau, le monde du silence à perte de vue. La mer c'est un peu à chaque fois un nouveau baptême de l'air, le survol des abîmes et des plaines luxuriantes, mais ça je l'ai déjà dit. Et dans ces forêts la vie. Les sardines reforment leur banc autour de nous et nous enferment, et il ne reste plus que de l'argent.
Bref, tout ça s'arrime solidement et tiendra le choc, jusqu'au retour à la terre. Et commencera à s'effriter quand les heures couleront et qu'il sera de nouveau bientôt l'été.
Le dernier souvenir, à part la zarzuela et et les profiteroles, sera la plage du lac dans le soleil doré qui brille comme la surface du miroir, reflète les mouettes dans la tempête, les cabanes en chaume de pêcheurs, les barques turquoises et les milliers de coquillages blancs sur les bords.
Dans la tempête.
A Harold qui remue ciel et terre mais qui perd la vue et la marche, à contre courant.


dimanche 15 août 2010

Le climat! mon préféré!

Premier dimanche passé sans l'ombre d'un doute. Premier dimanche passé sans penser à découverte du vivant qui part à l'aventure sur les flots. C'est le début d'un lent rétablissement.
Moi aussi j'en ai bu de l'eau aujourd'hui. L'orage de Brangues, Brangues et l'orage. La petite place du petit village qui cède sous la tempête. Les illustrations qui volent, la foudre, l'art qui décolle, un cataclysme, une catastrophe naturelle. Ma première petite foire qui danse dans les rafales. C'est un beau souvenir de plus dans le cahier de la mémoire.
Ces bons moments, avant l'orage, où il faisait encore beau assis sous la tonnelle. Et l'ambiance qui a changé, l'inquiétude et la patience. C'est tellement humain tout ça, tous les regards dirigés vers le ciel "on va s'en prendre une bonne" "mais non le vent vient du nord est, ça va virer de bord!" "oui peut être mais en attendant c'est bien moche tout ça". Tout ce temps, j'y vais j'y vais pas, je remballe ou j'attend de voir, ça va peut etre passer, c'était qu'un orage!
Et ben non.
C'est pas passé.
On a pris sévère.
Dommage qu'on ait pas pu anticiper hein!
Maintenant les cartes volent, les toiles prennent la pluie, les tonnelles s'envolent, les gens hurlent sous le torrent de pluie, les objets sont cassés, les créations sont mouillées, l'église ça attire la foudre? c'est grave d'être sous une armature en métal au milieu d'une place? J'ai les pieds un tout petit peu mouillés, il n'y a plus de place dans l'expo Claudel pour se mettre à l'abri. C'est la fin.
Aujourd'hui j'ai appris que les terres froides de l'Isère ce n'est pas une légende comme je pensais.

samedi 14 août 2010

Toi et moi dans le cosmos

Hier, c'était un dimanche d'univers.
Ciel et nuit. Nous les petits loups avons monté un campement sous la voute céleste, des transats, des hammacs, de l'alcool, des couvertures pour se rechauffer dans le ciel d'un mois proche de décembre. Merci l'été. Merci les ours polaires (c'est peut être pas votre faute).
Les perseides. C'est bien étrange tout ça, comme le monde entier se met comme aux premières loges d'un spéctacle galactique. De la en bas, on se croirait aux commandes d'une vaisseau spatial qui traverse une champ de ruine, et finalement c'est le cas, sauf qu'il est en pilotage automatique depuis bien des millénaires. Malgré les nuages, les étoiles filent. Ces bombes ne nous atteignent pas. Finalement on a l'air bien à l'abri sur notre petite planète, quand on voit le bordel qui règne dehors. Les gens cassent des comètes et laissent à l'abandon les débris dans l'univers, une fois par an ça fait une belle nuit mais quand même, c'est pas très hygiénique.

En jouant a "devine à quoi je pense" je me suis rendue compte de plusieurs choses. Déjà mort n'est pas l'inverse de vivant. C'est la fin de vivant. Je le sais parceque quand je demandais "est ce que c'est vivant" et que T répondait non, E demandait "est ce que c'est mort alors?" et en fait non. On peut être ni vivant ni mort, juste exister en dehors de soi.
Je me suis aussi rendue compte qu'on ne peut pas manger un œdème, qu'une action n'a pas de couleur et qu'il est plus facile de penser a la démocratie qu'à un barreau, et pourtant.

Et puis il y a eu l'étoile-filante-dont-on-ne-doit-pas-essayer-d'expliquer-la-taille. Qui a traversé le ciel, l'atmosphère, les continents, le toit, les concepts, le monde, le néant et le vide. La boule de feu qui aurait pu atterrir sur mes genoux. Le voeux qui s'en suivi fut de taille. J'espère pour Dieu que pas trop de monde l'a vue celle là parceque sinon il a du pain spirituel sur la planche métaphorique.

C'est une belle soirée. Les mojito ont fait leur chemin, le ciel s'est découvert. Combien on en a raté d'étoiles? je sais pas, surement un paquet parceque la patience ne fait pas partie de nos compétences et que lever la tête ça donne le torticolis. Mais la vie c'est long et l'amitié c'est rigolo.

lundi 2 août 2010

Dans le récif, la flexibilité est payante

Dimanche, la journée commence tôt, par les feux de route.
La route n'a aucune restriction d'horaires le premier week-end d'aout. A deux heures du matin tout le monde est déjà là, dans sa petite auto, avec ses petits journaux. J'en ai le mal de mer rien qu'en imaginant ce qui va se passer plus tard, sans nous, sur cette route du soleil, le ruban continu de voitures polluées, d'air irrespirable, saturé et de CO2 pour la planète.
Pour survivre à tout ça, il faut foncer vers le sud sans se retourner sur la nausée, les accidents, les intemperies, les avaries, jusqu'à la mer. Tout ça sera bientôt loin derrière nous, sur la dernière aire, sur la terre ferme, oublié de toute façon.
6h du matin, le port de Sanary est déjà là, le tourisme pas encore, le soleil oui. La terrasse est déjà pleine et ça valait le coup de se lever tôt pour déjeuner ici, en face des bateaux, en plein soleil du midi du matin, je rechauffe, la vie reprend, le dégel commence. Tout est orange. Des vienoiseries jusque dans la theière qui infuse, la mer sans aucune vague, les marins sur le départ. Tous orangés.
Je repars. Je quitte le port, j'ai du mal à croire que je sois revenue ici. Le vent déjà dans les oreilles quand on passe le cap, la côte qui s'éloigne, se découpe, les iles, les bateaux des autres, les voiliers, les maisons en tout petit. Je reviendrais jamais sur la terre ferme. Elle disparait. Elle s'assoupit. Elle s'évanouit. Qu'elle crève. Bon débarras.
Quel debarras. Il est inimaginable, le poid de ce qui reste attaché à la terre, combien de lest est largué avec les amarres. Le port est à peine derriere nous et déjà quelque chose se dissoud à l'interieur de moi. Fin d'une nouvelle ère. Début d'une journée au dimenhydrinate. Une autre journée au dimenhydrinate.
Il faudra bien ça pour estomper la plaie écologique qui s'est creusée toutes ces années. Qui est aparue insidieusement, sans qu'on imagine de suite, et qui s'est agravée calmement chacun des jours suivants. Petit a petit l'oiseau a fait son nid, l'homme a détruit son nid, a coupé l'arbre, a mangé le globicéphale noir, a laissé dériver ses filets de pêche, a fait des colliers avec des éléphants, du rouge a lèvres avec des baleines à bosses, a heurté le dugong.
Aujourd'hui l'horreur est derière nous. Au large, je cicatrise de voir ce qui a subsisté malgré nous. De voir que des dauphins bleus et blancs, il y a trop, qu'on arrivera jamais a les exterminer tous. Au milieu des éléments et des animaux, j'oublie. Ce serait la fin des temps ça ne changerait rien. A perte de vue il n'y a que nous et la vie. La lutte, la chasse, des oiseaux, des courants, le maintien, la survie, hors de nous, sans l'humain. Le système fonctionne de lui même sans moi. Je ne joue plus. Personne de notre equipe de marins ne joue plus. La nature a repris le contrôle et nous, emerveillés, n'avons plus qu'a se laisser sombrer. L'ulcère de la crise écologique se retire sur la pointe des pieds, avec le degout, la monstruosité, et peut être même un petite part de la mort.
Nous sommes d'autres gens, métamorphosés pas la mer, évaporés dans la nature.
Les gens autour de moi sont comme fous de joie. Il n'y a plus d famille, il n'y a plus d'amis. Il reste le bonheur, pur.




dimanche 25 juillet 2010

Les puces, ça me démange!

J'ai bien mangé. Les dimanches matins sont merveilleux ces derniers temps, remplis de nourriture et de personnalités. Les puces, c'est compliqué au début, parce que c'est sale et puis ça pue, les gens sont sales et puis ils puent. Il faut pas avoir peur de la poussière ou de la vieillesse. Et petit à petit ils s'immiscent.
Derrière la poussière, il y a de beaux objets, à manger, photographier, décorer, vendre, revendre, négocier, marchander, casser. Je me sens petite au marché. Je suis la petite voisine des grands voisins.
Ici, au milieu des pauvres et des riches (parce qu'il y a les deux, non différenciables a première vue), manger quelque soit l'heure, boire quelque soit l'heure.
Tous ceux qu'on ne croise jamais dans la vraie vie sont ici le dimanche. Les puces, c'est une parenthèse dans la vie, un à côté bien attrayant. Je ne sais plus où regarder, entre les bobs roses, les pantalons taille haute à motif chaton, les moustaches recourbées, les chaussettes dépareillées sous des sandales, les heures perdues à écouter sagement les monologues de Brassens, les inepties des fous, le savoir des bourges.
Et puis aussi, de l'autre côté, il y a le stand d'Agnès. Le voyage qui nous prend dès qu'on y met le pied, dès qu'on passe un collier de corne autour du cou, quand on joue avec des billes de mercure dans des tubes à essais, ou qu'elle nous offre un demi à 8h du matin.
Je vais prendre un coca.
Nos voisins ensemble depuis qu'ils ont quinze ans. Aujourd'hui, ils en ont cinquante, et dans l'arrière boutique, a toute heure, pour tout le monde, jambon cru, vin blanc, mousse au citron.
Moi je fais mon petit bazar, je vend pas grand chose de ce que j'ai fabriqué, je gravite dans le cercle et je ramène un petit billet. Ça suffit. De toute façon il y a derrière tout ça bien plus qu'une histoire d'argent.
Le reste de la semaine, le dimanche me manque. C'est venu un peu comme ça, c'est devenu comme ça.

dimanche 18 juillet 2010

Lenteur caniculaire


Après le dimanche 27 juin, tous les jours sont comme des lendemains de soirée. Bizarre, il fait très chaud, la vie est au ralenti, lenteur caniculaire, désert, pas de dessert. Pas de dessert parce qu'il fait tellement chaud, pas mangé depuis mille ans. J'attends ce mail, depuis une semaine, dont ma vie dépend en partie, et qui ne vient pas. Est ce qu'il viendra? Le tarot de l'amour a dit, attentes vaines, déception. Je vois le genre. Sympa. J'aime Grenoble mais j'aimerai mieux retourner la bas. Au moins le temps d'une étude, d'une virée à l'eau, d'une baignade, mal de terre. Pour corser les choses, les travaux du tram, on s'engouffre dans le bus avec les autres vingt mille passagers, on fait la queue, on attend en plein soleil, on entend des pétards, on va mourir ici. Pour nous remémorer le tableau, un magnifique feu d'artifice sur le thème de la biodiversité, madagascar, l'écologie, requiem for a dream, « retrouver les baleines, parler aux poissons d'argent, comme, comme, comme avant ». Qu'est ce que c'est beau les explosions. Il y avait tellement de fusées, on entendait la guerre, le ciel s'est rempli de dorures, jusqu'à devenir doré. A la fin, c'est le ciel qui a envahit le feu d'artifice. Une mélodie de pluie de grenouille.

A y regarder de moins près, on est des milliers. Le parc, on dirait une fourmilière, ça bouge partout, les artères sont bouchées de monde qui avance lentement. Toutes les rues, tous les itinéraires sont pleines de gens grands, oranges, avec des vêtements d'été. Léger malaise. J'ai besoin de reprendre le mer.

La consolation se passe au dessus de la ville. Du douzième étage, le 13 juillet à 22h30, le concert de feu d'artifice. 13 feux d'artifice en tous les points de l'horizon, Grenoble explose a toutes ses frontières, quel spectacle. Je savais que ça serait beau, je vous l'avait dit, je vous avait prévenu, vous me croyez maintenant?



vendredi 9 juillet 2010

Rorqual commun à trois heures


Dimanche 27 juin, la mer se réchauffe, la vie reprend.

Ce dimanche, on l'a attendu pendant des siècles. Et il est venu, avec du soleil pour trois petits marins. J'ai mis mon polo de marin, comme vingt milles autres filles cet été, mais pas pour les mêmes raisons. L'appel de la salle des machines, les miles nautiques, les noeuds et l'équipage. On prend le large, on prend le vent, je prend l'eau jusqu'au coeur. A moitié endormie sur le pont dans le soleil et l'air, je sais pas encore que ma vie va passer par dessus bord, toucher au but. Quatre fois.

La première fois, la contemplation

La croix du sud sillonne les canyons et des centaines de mètres d'eau défilent sous nos pieds. Le sniper, « oeil de lynx » scrute l'horizon, à la recherche d'un indice de la présence de la vie or de terre. Un reflet argenté à dix heures, un aileron, quinze ailerons, blancs, balafrés. Il faut du temps aux yeux pour s'habituer aux accrocs sur une eau en film plastique. Ils sont là et ils viennent à nous autant que nous à eux. Le dauphin de Risso de quatre mètres est rare et magnifique et ils sont quinze à nager autour de nous, avec des petits. La joie a fait sa place sur le pont, dans les yeux des gens, et dans les miens qui pleurent, à cause des courant d'air. Il n'existe plus rien. Pendant des heures.

La première rencontre est inespérée, la suite revient a gagner au jeu.

La seconde fois, la multitude

Il faut bien un jour ou l'autre se descratcher de la contemplation du dauphin qui ne cicatrise pas, et commencer à cicatriser soi même. Le bateau abandonne les melons blancs. Un bonheur arrive souvent seul mais pas cette fois. Cette fois c'est ma fête. Le dauphin bleu et blanc est commun, pour ceux qui voyagent. Pas pour moi. Des tâches sombres s'agitent a l'horizon, très loin, impossible de distinguer là ou le groupe s'arrête. A 180°, des ailerons noirs, de tous cotés, à l'infini, une centaine. J'entends mon coeur résonner dans ma tête. Qu'est ce que je fais ailleurs qu'ici. Comment j'ai pu attendre. Petit à petit, le bateau s'encercle de beauté. Ils jouent, sautent, passent à la vitesse du son sous le bateau. La mer est un ciel de jeu, miné, explosé, rempli d'étoiles argentées et de reflets, partout ou le regard se pose. La lueur de l'intelligence dans des yeux animaux, l'émerveillement des adultes au dessus de la rambarde. La rambarde souffre, mes poumons souffrent, je ne céderai jamais.


La troisième fois, mon coma personnel.

Ici je meurs. A ce moment du récit, de la buée et du coton a l'intérieur de moi. De longues minutes sont passé, une atmosphère de sieste a rempli le bateau. Sur le pont supérieur nos yeux ont du mal à ne pas se laisser emporter par le bercement de l'eau et le soleil de plomb qui tape a la verticale. Sous mon chapeau de paille je vois des vagues, je commence a tanguer de sommeil, pendant qu'oeil de lynx détaille le monde entier. J'ai peu d'espoir pour la suite, j'ai du mal a me remettre de tant de beauté, de toute façon, la journée aura été magnifique.

Mais non, quand c'est décide c'est décidé, souffle de rorqual commun à trois heures, à plus de deux kilomètres. Mon corps s'est soulevé sans l'aide de mon cerveau du banc et à partir d'ici, la tachycardie ne m'a plus jamais lâché. Le rorqual commun. Le rorqual commun. Le deuxième plus grand animal du globe sur lequel tu vis. Le rorqual commun. Une baleine. Ce que tu as le plus envie de voir au monde. Le rorqual commun. Ici, aujourd'hui, dans quelques minutes, après quelques kilomètres, tu seras la. Je la vois de très loin, la tache noir dont j'ai tellement rêve et je ne sais plus si je suis dans la vraie vie. Je perd pieds, je vais me noyer.

Elle avance, sonde quatre minutes, remonte à la surface pour trois à cinq respirations. Nos yeux sont rivés. Plus signe de vie sur le pont. Plus de bruit de moteur. Plus de son humain. Plutôt mourir que de gâcher une seule seconde du scénario. J'ai renoncé à la caméra, à l'appareil photo, à respirer et à ne pas tomber. Debout sur le banc, déséquilibrée, sur le fil, je ne m'arracherai plus jamais.

Mutisme. La gueule se dessine sous la surface. Un trait blanc à travers l'eau, le dessus du dos rond, l'aileron dorsal, la suite infinie du dos. Seize mètres de peau noir brillante qui défilent en arc de cercle a quelques mètres de nous. Dans le silence, la puissance du souffle, le jet d'eau de l'évent, l'inoubliable reprise de souffle du rorqual commun pour le reste de nos jours et nos nuits.

Après la contemplation interminable, hors du temps, il a fallu partir. Laisser suivre sa route à l'immensité et ne pas dévier sa trajectoire pour qu'elle continue d'exister dans notre mer, à d'autres lieux, dans d'autres temps. Je chavire.

La dernière fois, le balai rarissime.

En Méditerranée, on ne voit jamais le diable de mer. Sauf nous. Dans le sillage du bateau, quatre vaisseaux sombres rasent la surface. Elles viennent vers nous, contre la coque. Elles s'exhibent, font plus d'un mètre cinquante, volent comme au ralenti, nous font un vrai spectacle avec des sauts (me croit qui veut, de toute façon cette journée ne se raconte pas). Un honneur, une chance inespérée. Le coeur des scientifiques de l'équipage a chaviré aussi. Celui des photographes. Celui du capitaine. Les marins ne retiennent plus leur joie.

La fois manqué, l'écorchure.

Au loin, le souffle oblique d'un cachalot (Jojo) qu'on ne retrouvera pas. Dimanche 27 juin, je remet le pied sur la terre ferme à contre coeur. Je sens un pincement, une fin qui vient et qui aura bien du mal a guérir. J'ai la tête qui tourne, trop pris le soleil, trop regardé dans mes jumelles et je ne met plus un pied devant l'autre. Je suis vide d'énergie, à bout de ressources, dans le coma. Des souvenirs qui me paraissent déjà irréels, à part la baleine, dont le mouvement fluide ne s'efface plus de ma mémoire. La nuit, des masses énormes glissent sous mes pieds, expulsent de l'air et replongent pour toujours dans les profondeurs. Au bord de la mer, des ailerons par milliers, des reflets argentés, des éclats invisibles a l'intérieur de mon moi morcelé.

mardi 15 juin 2010

Au delà du monde

Que devient on quand on est seul devant son petit bureau, avec ses petits stylos. Il vient a la mémoire des souvenirs qui n'auront jamais lieu, d'éléphants volant et d'oiseaux suspendus a des ballons de baudruche, qui transportent des petites filles en robe. S'appliquer a mettre des petits rubans, des petits pois, des petites pommettes. Dans ma tête il y a ça, la minutie obsessionnelle qui me soustrait au monde entier. Et il y a du recurent, des mots comme « prieuré » qui tournent en boucle. La transe électronique qui m'emporte malgré moi sur le dos de l'oiseau qui se dessine. J'ai des plumes dans les mains, et je comprend pourquoi la gamine souri en survolant le paysage. A dos de monstre. Dans des machineries fantastiques. Infernales, extraordinaires. J'en ai le vertige. L'animal, encore une fois, « mon compagnon sur cette planète ». Mon vieil éléphant ridé qui plane dans mon ciel, au dessus de ma ville.

Festifesse

Samedi, pic nique presque. C'est pas tous les jours notre village passe au rock. Donc bien sure il faut aller voir, même si je suis vieille depuis la pleurésie, je resterai bien a dormir dans le transat dans ce parfait air d'été qui vient.
On se rend jamais compte qu'on est vivant.
Et puis c'est pas si terrible, il y aura des gâteaux apéritif, des amis, et une couverture pour s'allonger dans la saison la ba aussi. Et peut être même, cerise sur le gâteau, du coca canette. Et surtout, l'inimaginable s'est passé. Rien n'aurait pu mieux clore le clou du spectacle. Il y avait un feu d'artifice surprise. J'ai déjà dit que je voulais être artificier. J'ai déjà expliqué le sentiment de gratitude qui était né un soir au bord de la mer pour ce genre d'explosions. Mais celui la restera dans nos mémoire comme les 5 minutes les plus silencieuses de nos vies. A part nos éclats de rire qui remplissent le silence, que du silence. Et plus c'est silencieux et plus on rit, et plus on rit plus on rit. L'unique base de lancement, les gerbes de feu de 10cm de haut qui flambe dans le jardin de ville, les très vivaces fusées qui font fffcccccccccchhhhhhh, pfffffffiiiiiiiuttttttt, sssssssssssss, chhhhhhhhhhhhhhhhhhhe. Et la goutte d'eau qui fait deborder le vase « securité, reculez s'il vous plait ».

J'ai tellement ri qu'en plus de manquer de son, le feu d'artifice était noyé dans mes larmes, les fusées diluées et la foule lointaine et réprobatrice. Non mais ils savent pas se tenir ces jeunes, c'est puéril.


PS: Il faudra se souvenir, quoiqu'il advienne, du jour ou T a fait se retourner un mille pattes sur ses 500 épaules d'un air étonné.

En 2010, le travail, c'est plus la santé

Il va falloir choisir un métier. L'aimer et le chérir jusqu'à ce que la mort nous sépare. Pour certain c'est simple, devenir démographe, « alors, voyons voyons, combien on a de fils de pute cette année? ». Mais pour d'autres, l'astrophysique comme une vague lueur de l'autre coté de la berge, la musique qui a du mal a être reléguée au second plan, les illustrations pour enfant qui sont toujours la plus large partie de soi, l'angoisse des cérébrolésés. A deux doigts, deux ans de devenir neuropsychologue, la peur vient. Bonjour, installes toi ici, écris, calcules, je vais te faire passer un petit test, tu as le temps que tu veux pour faire ton dessin, amnésie, agnosie, métastase.

Les tumeurs je les aime, mais est ce que ça durera tout la vie?

Et puis il y a celles a qui je voue mon autre vie, le rêve tenace de mettre le feu a des bombes en petit artificier, la fascination intacte pour le péage de l'area de nuit, l'espoir de publier un livre illustré.

« Deviens le, c'est ta seule chance ».

Ne pas m'éloigner trop de ma région, aller au marché les mardi, les fruits de saison du producteur, un cerisier ou dormir le dimanche, du thé qui infuse dans la bouilloire, les glaçons de l'apéro, quatre amis pour la coinche, des mots fléchés pour accueillir la mort et la vie sera bien vite pliée, impeccablement bien vite pliée.

L'école glaciaire

Vendredi, la vie sur la planète.

La fin de l'année de l'école, le diplôme c'est dans la poche, le froid revient. Je me réveille dans une couette en coton, le décor est flou comme une goutte d'encre de chine dans un verre d'eau, j'ai mon pouce qui me rentre dans l'oeil, que s'est il passé. Il faut que C. se repose pour estomper les traces bleues de la concentration et du manque. Et qu'elle mange un peu, des chocolats et de la pizza pour redevenir beige. Le petit monde marche pas droit ces derniers temps, on se retrouvera tous a jouer au Scrabble a l'hôpital si ça continue comme ça. Le petit monde en fanfare dans la salle de repos. Pour réparer la paranoïa des petits loups, l'angoisse des petites louves et les fumettes des autres. Si on avait su, mais on savait, on se serait peut être tenus tranquille. Personne n'aurait couru dans la nuit dans les lumières des ruelles et dormi sous les ponts de Lyon. Plus tard, la santé a peut être pris un coup sans se rendre compte au final. Un coup sans rémission, comme tous ces coups la.

Tout est calme dans Grenoble et j'écoute des gens dire des souvenirs qu'ils ont vécu, sur des vélos d'Amsterdam et des noyaux de cerise dans le nez. Je suppose qu'il y avait une grande bibliothèque chez N. et qu'elle a baignée dans le livres jusqu'au cou comme moi. Et dans le sérieux et la droiture, un peu pas comme moi. J'écoute la peste qui raconte comment elle a transmis le choléra, découpe des chaussettes de son père, empoisonné son école. Comment des vieilles de 50 ans, usées d'avoir aimé le seigneur courent apres des enfant avec des crucifix. Et j'étends la voie de la narratrice de desperate housewives « oui, nous avons tous nos démons intérieurs ». Du haut au bas de l'échelle, tous autant hanté par des voix et l'étau qui se ressert autour des poumons, en cours de français, dehors sous la pluie, devant le panneau d'affichage et la vie qui reprend son cours a chaque fois pour plein de raisons. Par exemple parce que les jours fériés existent, que l'été vient une fois sur quatre saisons, qu'après c'est Noël, parce qu'il y a l'apéro, le martini, des extra dans le jardin la nuit quand le monde entier dort sauf soi. Il y a danser enlacé, bourré, main dans la main jusqu'au matin, aller a Perouge, observer les baleines, L. qui récite l'alphabet (ABCEZ) et les nombres (2 5 9), et une âme secourable qui vient vers la lumière partout et tout le temps sans contrepartie.

lundi 31 mai 2010

Les bassines, c'est has been

La phrase est tombée du ciel, pendant le repas.
Le repas est à l'image de la vie, mon père est ailleurs et ma mère se bat contre la poubelle de tri sélectif. Le tri c'est compliqué, ça mange du pain, ça amoncelle des ordures dans des coins de la cuisine et au final, on est même pas surs de s'en sortir indemnes.
L'Isère, le bout d'enfer qui me sourit chaque samedi. Le tableau c'est des champs sous la bruine et des villages dans des cuvettes. De la verdure, parsemée d'étoiles. Des maisons quoi.
"Elle est ou" en parlant de moi. C'est ce que disent mes parents avant d'avoir le pied dans la maison et ce ou que je sois: dans ma chambre, en vacance à l'autre bout du monde ou dans mon appartement à 100km d'eux, quelqu'un me cherche, au quotidien.
Mais mes parents sont aussi les parents des autres, depuis le début de la vie. A force d'accepter de nouveaux enfants, venus de mon coeur et invités pour les dimanches de café, ils ont un troupeau qui vient paître dans le jardin, chaque jour de repos.
C'est ça ici, ils ont fini par transformer un vrai moulin ... en moulin. On entre dans notre moulin comme dans un moulin aujourd'hui.
Le bout du tunnel, loin des connards, loin du métro, loin des bris de glace, loin de promod, loin du gaz de ville.
On comprend pas qu'on comprenne pas, la folie de la campagne, la course au grand air. Il arrive même de se sentir encore trop en ville en campagne, alors il faut trouver une campagne plus profonde, voir une mer ou une montagne. Qu'est ce que je ferais ailleurs que dans ce jardin a semer des coquelicots et à faire des barbecues lunaires avec des pépites d'or.
Le cerisier a fleuri, la cheminée est réparée, les hirondelles sont revenues.
Je crois que c'est le printemps pour nous cette fois.


vendredi 21 mai 2010

En mai, reste sur les quais

Bonsoir
Vendredi de tâches ménagères, les doigts blanchis à la chimie, émulsionnés et falsifiés par les agents déstructurant, le kérosène, et les anti-bactériens des temps modernes.
Enfin vous l'aurez compris, les produits ménagers.
Qui, comme Lynette, aurait forcé sur les médicament.h.a.d.a. , je suis dopée, droguée et hyperactive pour entretenir une maison qui n'est pas la mienne. Mais que ferais-je sans elle, et que ferait-elle sans moi. Les barbecues ne se montent pas eux mêmes (et ne se démontent pas eux même quand il y a eu une erreur) et les tiroirs ne se vident pas dans les poubelles sans moi.
Toute la journée, qui m'a suivie comme une ombre, une voie qui disait que perdu quelque part dans le temps, il y aura toujours une étoile, Valérian. Je me doute que ça m'est pas adressé, a cause du prénom derrière la phrase, ça m'a mis la puce à l'orteil tu penses!

Mon orteil parlons en. C'est comme le reste de moi, en miettes (à part le moral). Mon genou est parti, mes poumons sont partis, mon poignet est parti, ma tête est partie. Depuis, je suis devenue madame Bobo et je péri dans le refregirateur.

jeudi 13 mai 2010

Le jour inoubliable des 4 gâteaux

C'est dans la nuit du 16 avril que tout a basculé, où j'ai changé d'âge. De toute façon c'est pas le calendrier qui décide, l'âge attend la fête de sa dernière année pour passer à la suivante.
Ça valait vraiment le coup d'attendre.

Gâteau numéro 1, l'inattendu

Ce matin, ça tombe bien, je me suis levé tôt, avec le coq et les oiseaux, sans journaux mais avec météo quand même, alors oui les coqs existent et non, c'est mon anniversaire quand même, et si Dieu est bon, il fait une fleur météorologique ce jour la.
Dieu est bon visiblement, mais c'est normal, après tout ce que j'ai fait pour lui.
Non, ce jour la il faisait au moins 20°, et personne s'est gêné pour se découvrir d'un fil (attend un fil c'est rien). Quand j'arrive dans cette maison ensoleillée, je me souviens même plus que c'est mon anniversaire tellement on me l'a pas souhaité de la matinée. Mais pourtant il semble qu'on m'ait acheté une bouteille de bon vin sucré (ça ne peut être que pour moi étant donnée la population alentour) et qu'on ai mis la table sur la terrasse, qu'on ai préparé un repas entier et qu'on m'accueille chaleureusement. J'ai de la chance, d'être dans cette robe, d'avoir cette coupe, d'avoir ces amis et d'être dans ces pompes. Je savoure une des plus belles journées de l'année et je pense a m'évanouir quand en dessert, on m'apporte un moelleux au chocolat (classique, simple et riche), qu'ils ont fait eux même, avec leurs mains peut être même, pour la première fois de leur vie ou ils touchent a un ustensile. Ils ont choisi la recette et l'ont suivi, ont décoré le gâteau avec des vermicelles en chocolat et du sucre glace, et sans être aveuglée par l'exploit on peut dire que c'était délicieux. Il y avait des bougies qu'il a fallu souffler en détruisant toute la décoration (ben attendez, qui c'est qui a eut une pneumonie ici?), ils ont chanté, et sorti du mousseux.
Tout aurait pu s'arrêter la. Mais non.
J'ai un peu trop bu de blanc et le printemps est rigolo soudain.

Gâteau numéro 2, le gato au yaou pour tona, vivin et tatou!
La même journée
Je crois que pour celui la, le titre résume tout. Encore un premier gâteau de toute une vie qui m'est dédie et c'est des mains qui ont 2 ans qui l'ont fabriqué et qui en ont mangé 4 parts. A ce goûter la, on a fait des bulles dans le jardin, vivin a enfin réussi à apprivoiser ma petite L. qui lui high five malgré son tendre côté sauvage.
Maman Améllie est la meilleure des mamans ce jour la (madame bobo était au frigo, prête à réconforter L. qui s'est pété la tetete sur le rebord de la table).

Gâteau numéro 3, celui de la pâtisserie, best family ever

Mon papa a concocté un menu chinois d'anniversaire chinois avec des sushis (japonais), des shao mai à la crevette (ou des raviolis de « méduse » pour ceux qui sont naïfs...), du filet mignon sauce aigre douce et T. a encore relevé le défit de l'extrême et retrouvé la sauce umami dont mon goût ne se remet pas. Elle se marie parfaitement bien avec la méduse, et avec moi. Ma maman a commandé un framboisier. Mon frère a critiqué les blés peint en rouge (il fallait bien décorer la table qu'est ce qu'il faut y faire?) etc etc etc pour les autres convives.
Quelle gentille, gentille famille comme dirait Homer.
A la fin de cette journée, je sens plus mes pieds (les autres les sentent encore me rassurent-ils) à cause des talons et suis repue. Reste plus qu'à sombrer devant deseprate wild host en mangeant des fraises et en se lavant avec un gel de bain parfumé a la fleur de thiaré des îles de cachemire rose en sentant un encens sucré au miel et aux amandes (j'ai exagéré hein).

Gâteau numéro 4, le cheesecake de l'apothéose
Perspectivité.
The day after tomorrow 4 (le lendemain)
Ils sont tous la cette fois. Et jusqu'à l'apéro ils dorment dans les transats et les hamacs au soleil en tenue de civils (jean baskets).
La maison est vide et remplie de ballons géants de couleurs acceptables (rare pour des ballons!), de guirlandes lumineuses de toute beauté et de cacahuètes 1 (1 c'est la marque, pas le nombre malheureusement). Enfin est venue le tendre bal des pauvres.
De la fumée de pomme et de barbecue remplit l'air frisquet mais pas tant (pour le moment, il y a un moment dans la nuit où la température redeviendra presque négative, vous connaissez les St de glaces si vous êtes Isérois).
On est beaux. Désolée ça se fait pas mais la c'est indéniable, quiconque serait entré dans cette fête serait immédiatement tombé amoureux de nous tous (j'avoue que même à moi ça me l'a fait à des moments où je revenais de faire pipi). Ils sont venus en costard, et les nombreuses filles étaient en robes de soirée magnifique en voile noir (oui on avait toutes la même...).
On a bu. Et pas juste au point de trouver le printemps rigolo ou dérisoire ou mégalomane ou astreingeant ou quoique-ce soit. Mais plus au point de rire aux éclats sans raison au milieu du bal flou et coloré (oui il y avait un bal oui). Les gâteaux étaient bien bons, mais moins que les 3 autres parce que ceux la j'avais stressé moi même pour la cuisson et le service, tout est fonction de quel côté de la pelle à tarte on se trouve. Et aussi de si on a renversé une bouteille de mousseux pleine dessus ou pas. Les cadeaux c'était vraiment pas du jeu.
A 7h, un dernier verre et des blinis (on va le regretter mais on le sait pas encore) et c'est l'heure de faire la sieste dans le canapé bleu.

Merci du fond du coeur a la meute.
J'ai plus peur.
Au final mon amour pour vous est définitivement plus fort que l'envie d'aller ou que ce soit.

samedi 27 mars 2010

L'air comprimé à avaler avec un grand verre d'eau

Je sais je sais.
Le chat dort dans le creux du canapé et je n'ai plus qu'a m'y glisser et dormir avec lui.
Et revrire le moment ou emerveillée, je respire sous l'eau. Je savais bien que ca finirait par arriver ce beau jour, de printemps, ou les branchies pousseraient. Mais ca a été moins dur que ca, il suffisait en fait de vetir une bouteille. Jeudi.
J'ai comme deux paires de poumons et dans mon cas c'est pas peu dire. En bas, le silence se fait tout autour et pourtant des dizaines de personnes sont la a quelques metres. Mais moi je suis seule avec une main secourable qui me fait ok, et qui me montre qu'il faut admirer le fond de la piscine, le fond de la piscine. Je sais qu'un jour je reviendrai, la plage d'argent, la vie dans l'eau de la bas.

Il faut revenir sur terre et se secher.
Et profiter d'un week end plus long qu'une semaine en orbite autour du pictocube, la télé.
Ma chere et tendre fiancée la télévision, qui si on evite soigneusement les zones extremes et les south park, et les jt et les fermes des celebrités, renferme des vrais moments d'evasion sur les iles aux orchidées. Et ca peut se partager, devant une pizza et un apéro. La télé c'est la vie et aussi la mort, mais surtout la vie aujourd'hui (et des fois surtout la mort).
Ce sera toi et moi, Martini de noel.

J'adore cette journée et pourtant il pleut des cats and dogs deriere les volets. Je m'en fout il sont fermés. Il y a ce pain d'epice et ces gens la, et il y a toi qui ronronne sur mes tibias, mon petit chat pour toujours.

lundi 8 mars 2010

Baleinoidoscope

J'ai bien aimé Paul Eluard à l'école et Martine a la plage.

Mais il est bien loin le temps ou on cherchait a faire de la poésie a l'École, a part M. l'ethologue qui y croit encore, l'animal, mon compagnon sur cette planète.

On est méchants.

Ça n'a pas de prix un compagnon en ces temps de guerre froide. J'ai du respect pour tout ce qui vit en dehors de nous. Pour ce qui continue a vivre malgré nous. Pour la nature en fait.

Je suis écorchée d'être l'espèce gagnante alors que je n'ai pas joué.

J'ai perdu « mon rapport a la terre » comme tu dis. L'angoisse et la monstruosité ont travaillé a faire d'elle mon ennemi publique n°1.

C'est dommage.

J'aurais été une bonne écolo.

J'aurais fait des efforts pour profiter de la pelouse tant qu'elle était la et j'aurais accepté de vivre dans une hutte jusqu'à la fin, manger des légumes, tout.

Dieu doit pas l'aimer non plus la nature. Ou alors c'est un con.


Moi aussi je suis un con. Resté bloquée sur des évènements indépendants. Impossible de ne pas y penser, le mal est fait.

Chaque jour je survole encore une fois les ruines sombres de la cité des poulpes, plusieurs mètres au dessus du vide, j'ai mal au ventre. Je vois les éclats d'argent, les yeux globuleux et figés qui dérivent tout autour de moi. Un monde transparent de petits animaux étonnés.

La dedans, dans la plus sombre des piscines, j'ai laissé une partie de moi couler au fond. Quand il a fallu revenir a la vie, quelque chose de moi est mort avec le ferry.

La nuit, de la peau grise et brillante sort de la surface en arc de cercle continu et régulier. Je suis au dessus de l'eau plate, et des masses mouvantes immenses passent sous mes pieds.

Il a fallu continuer a vivre pour pouvoir se souvenir jusqu'à la toute fin.

Etholovely

Et ben voila, ou on en est en février, tu me dis de pas arrêter de racler le fromage dans mon assiette parce que c'est cool.

Moi je trouve cool qu'on aille vers le printemps, même si j'ai aussi trouvé cool l'hiver desséchant sans pleurésie. Et qu'a la longue, les neurotransmetteurs puissent agir dans le noyau de la cellule et faire exprimer des gènes muets (cf potentialisations à long terme), une vraie deuxième chance, l'occasion de briller une fois quand on était caché dans l'ombre, ça aussi c'est cool. La biologie, c'est fantastique.

Il a a peine fini de neiger qu'on entrevoit déjà le cerisier en fleurs et le prunus (il aurait été en fleur aussi si il était pas mort). La nature s'est récoltée un gros bout d'humain la pauvre, nous on a un petit coin de nature ça nous suffit bien. J'aime pas le jardin.

Non, en vrai j'adore le jardin, j'adore les noisettes, l'écureuil (surtout farci), les coléoptères, les salades de tomates, l'invasion de fourmi(lle)s, et le hamac. Pour l'instant il pleut. La tragédie ultime.

J'ai encore une plaie des vacances dernières, un choc mental et physique de ce qui vaut la peine. D'ailleurs je vous laisse, j'ai un Corse to find (alors celui la, pour le comprendre! Bon courage)

Penser a décartonner Descartes un de ces quatre, ce facho.


Qui vit dans un ananas dans la mer?

Être fou tant pis.

On prend le pli.

J'aime bien les formes qui m'entourent. Tous ces éléments qui volent dans les airs ou y sont en suspens. J'aime les molécules, les poissons volants en arrêt sur image. J'aime bien l'air.

La baleine, l'obsédante baleine qui glisse chaque jour sous mes pas. Qu'est ce que tu veux a la fin? C'est pas moi qui t'ai chassé pour faire des manteaux, c'est pas de ma faute que tu disparaisses. Fais passer au thon rouge. Mais quand même, je me retourne, tu est toujours la. Tu viens rendre saillant le stress, m'apaiser, rappeler le son sous la mer, jamais oubliable. Le stress parlons en, je lui mettrai un coup de harpon un jour. Je viendrais le vaincre, nager a coté de toi, j'observerai la nature sans y remédier, tu me verra pas, comme tous les autres crustacés qui t'entourent, pleurer de joie.

Épuisée de l'arc de cercle que tu décris, de l'attirance intacte vers le fond, de mes poumons qui tellement souffert pour devenir ces branchies.

C'est la psychose de la mer, le besoin de faire des choses plus fortes que soi, des efforts insurpassables pour tenir loin la peur de la terre. La nuit, je vois les bateaux qui vont sur l'eau, ont ils des ailes? et tout ce qui vit sous la coque et le lest qui tire sur ma cheville comme sur le professeur Arronax.

Le voyage irréel et la marche funéraire. Un tour en dehors du Nautilus.

dimanche 14 février 2010

I remember fevrier comme je t'ai aimé

Disons pardon
Déserté et isolation.
Cet endroit de parole, je l'ai absenté pendant du temps. Sans problème et en vivant tranquille avec un trou laissé par l'écriture.
Si je m'excuse, c'est auprès des improbables passagers du voyage (bienvenus) et de moi.

Reprenons.
D'aussi loin que je me souvienne, il a neigé tellement ici. En train j'avais l'impression bizarre de traverser le blizzard avec l'homme à l'harmonica. Tout a été desséché par le froid, le vent remplit de cristaux de givre. Tout s'est arrête dans le silence, ce train, on dirait un vaisseau fantôme qui glisse dans le cercle polaire. Pas de vie à moins d'un kilomètre, le sol est glacé jusqu'à la moelle, et c'est une trêve pour la mienne.
Sous un mont de laine, je peux commencer à respirer l'air et à restructurer l'espace. C'est comme ça que commence la remontée des limbes. Par moins dix degrés.

Ajoutons
qu'après tout est allé vite. J'ai fait tout ce qui était possible pour répondre aux questions de l'école, j'ai traqué la réussite dans les coulisse, pris tout le courage pour capter un auditoire en anglais, examiné conscencieusement l'activité électrique du poisson éléphant, monté une recherche. Ça a pris des jours. Et quand j'ai relevé la tête de mon trieur c'était bientôt le printemps, il y avait des bourgeons sous la neige et mes amis s'étaient impatientés.

Disons
qu'il a fallu rattraper. Aller boire des pintes et manger chez mémé Paulette des tartines sur du pain de campagne. Passer tout un week-end au paradis, avec la crème des amis tarés. On me fait des propositions alléchantes, qui semblent contenir à la fois du vin, des griottes et de la vanille. Qui changent légèrement la vision du monde à la sortie, qui nous font voir des chrétiens plus drôles qu'ils ne sont (qui sourient bêtement sur un fond carton découpé qui dit clairement que ça bouge grave sa mère à la paroisse, comme ça bouge parfois a la sncf avec la carte coup de foudre, cher rapide). Certains s'endorment entre les seins de Lise Charmel, quand d'autres sont restes bloqués sur cette crème brûlée à la lavande flambée, servie par une file jolie mais folle.

Adorons
ces moments inimitables, de préparation de la pâte à gaufres, du taureau de Francis qui n'a jamais appris à se battre contre des poupées, de la danse qui nous fait traverser les pièces de la maison. Enfin, il y a tout, une ensemble d'éléments à charge positive qui s'attirent entre eux en bravant les lois de la physique une fois par millénaire. Il y a la perspective de ces nuits colorées de toxico encadrés, de cadeau pop offert à ma mère. Février est un mois incroyable, toutes les années plein de courage et de renfort. Il fait soleil et 25 degrés ou il neige et le thermomètre gèle mais de toute façon janvier est passé, l'été viendra, l'année est en route.

Il se fait tout petit aujourd'hui,
Ce petit être qui m'a promis de m'aimer et de me chérir jusqu'à ce que la mort nous sépare.

mercredi 13 janvier 2010

De la purée d'avocat imbéciles!

Je sais bien qu'on deseche tous sous un soleil de plomb dans une autre vie. Mais dans celle la, la belle affaire.
Je suis comme un bocal ville, absorbant l'univers, la douleur, les images de la télé. Si je dois rester en apparence indifferente pour survivre en société devant tous ces spectables desarmants, je meurs a l'interieur de moi, je me dissocie et me morcelle, certaines images passent a travers moi au lieu de glisser a travers, comme des milliers d'aiguilles rouillées pleines de tetanos. Tetanos contre lequel je ne suis peut etre plus vaccinée, oublié le dernier rappel.
Comment on a pu devenir cette chose immonde qui bouge dans l'ecran rectangulaire. Comment a pu se mettre en place cette methodologie propre et serieuse pour perpetuer les instincs meurtier et sauvages qui sont nos demons. Les chats tuent pour manger. Nous tuons pour se regaler, pour tuer nos enfants, pour tuer les espoirs, pour le voir un jour aux infos, pour satisfaire la foule, pour etre heureux, devant les pires spectacles.
Tout le monde peut. Tout le monde y arrive. Laisser passer les images et les mots les plus insoutenables, tranquillement apres manger. Moi je ne peux pas. Je me dis "c'est le monde réel", c'est plus un jeu, tout est detruit, je fais parti de cette espece, je ne vivrais plus jamais comme avant apres avoir entendu ca. Et c'est vrai. Je vis de moins en moins bien a force de choc audiovisuel, a force d'etre spectateur de la barbarie et d'aspirer de la poussiere et de la suie.
Je vois des petits qui tout agités qui se paralysent d'effroi devant des images incomprehensibles, qui restent accroché aux rayons de la télé. C'est une pause dans le temps, un arret sur image, des violences a dechifrer qui quand elles ont disparu de la boite restent pour la vie entiere dans l'hypocampe.
Le sommeil fini par ne plus venir. On a peut du noir.