On
tape avec un marteau sur ma tête pour y enfoncer un clou. Et ça ne va pas faire
un meuble. J’ai l’impression, comme souvent dans ces moments-là, que l’on
ne voit à travers nos yeux que parce qu’ils sont transparents. Et que si le reste de notre corps l’était aussi, on
pourrait voir dans une plus large mesure, avec un champ visuel plus étendu. Cette
sensation d’une fenêtre ouverte qui ne laisse passer le jour que dans son cadre
– d’une migraine ophtalmique peut être -- m’est familière. Je me sens un
gardien qui observe à travers le hublot de son phare. Je dirige le faisceau de
lumière là où je veux, et le reste du
paysage devient immédiatement noir. Mais je sais qu’elle n’appartient qu’à moi
et qu’on ne la comprend pas.
Un
jour à l’école, j’ai compris qu’être aveugle, ce n’est pas voir du noir. C’est
ne rien voir du tout. C’est exactement comme lorsque l’on pense à ce que l’on
ne voit pas dans son dos. Il n’y a pas de noir ou de flou, c’est juste que ça n’existe
pas. J’imagine le trouble si l’environnement entier devenait comme ce qu’il y a
derrière mon épaule. En même temps dans la vie quotidienne, personne ne s’en
soucie. C’est bien que l’on peut vivre sans aussi.
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