jeudi 6 décembre 2012

Rear-view mirror



On tape avec un marteau sur ma tête pour y enfoncer un clou. Et ça ne va pas faire un meuble. J’ai l’impression, comme souvent dans ces moments-là, que l’on ne voit à travers nos yeux que parce qu’ils sont transparents. Et que si le reste de notre corps l’était aussi, on pourrait voir dans une plus large mesure, avec un champ visuel plus étendu. Cette sensation d’une fenêtre ouverte qui ne laisse passer le jour que dans son cadre – d’une migraine ophtalmique peut être -- m’est familière. Je me sens un gardien qui observe à travers le hublot de son phare. Je dirige le faisceau de lumière là où je veux, et  le reste du paysage devient immédiatement noir. Mais je sais qu’elle n’appartient qu’à moi et qu’on ne la comprend pas.
Un jour à l’école, j’ai compris qu’être aveugle, ce n’est pas voir du noir. C’est ne rien voir du tout. C’est exactement comme lorsque l’on pense à ce que l’on ne voit pas dans son dos. Il n’y a pas de noir ou de flou, c’est juste que ça n’existe pas. J’imagine le trouble si l’environnement entier devenait comme ce qu’il y a derrière mon épaule. En même temps dans la vie quotidienne, personne ne s’en soucie. C’est bien que l’on peut vivre sans aussi.

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