mercredi 19 décembre 2012

Epitaphe de chapitre



En hommage (en "félinage?") à mon vieil ami parti.

Il est peut-être temps d’écrire ce chagrin. Des semaines et des semaines que je n’ai pas le courage de m’atteler à cette montagne qu’est dire au revoir à mon chat. Jusqu’ici, une défense s’est battue pour garder tout ça a une distance raisonnable, mais je sens que c’est terminé. L’hiver est là et je ne pourrais plus fermer les yeux longtemps sur le fait que mon canapé est vide, et qu’il manque un ronron quand je m’endors devant Mezzo.
Mon ange gardien a filé en douce quand j’ai eu le dos tourné. Il a veillé silencieusement sur moi pendant douze années en me regardant amoureusement pleurer, s’est assis à mes côtés le regard droit devant lui, dans la même direction que le mien, un nombre incalculable de fois sur la marche devant la maison (devant tous les ciels possibles, de l’orage d’été au rose saumon du printemps, en passant par les lourds ciels neigeux d’hiver). Sa mission s’achevait peut être. J’ai grandi. J’ai changé. Il m’a fait traverser les pires périodes, une partie de l’enfance, une turbulente adolescence, une pneumonie, une dépression, des chagrins d’amour et d’amitié. Quand j’ai enfin commencé à sentir le sol se stabiliser sous mes pieds et mes pas devenir plus sûrs, il s’est éclipsé.  
Ce chat était un fil conducteur. Il était présent dans le décor pendant plus de la moitié de ma vie. Quelqu’un a vu le chat ? Il est passé où ce sac à puces ? Ah ben t’es là toi ! Ca va la vie, tranquille minou ! Oh shoopi, viens là. Comment il s’appelle ? Il s’appelle pas, c’est LE chat.
En deux temps trois mouvements, pendant que je profitais d’un long repos au bout du monde pour me restaurer, il est tombé malade et s’en est allé mourir dignement plus loin. J’imagine l’agitation et le vacarme qui ont dû suivre dans la maison de mes parents. Je sais aussi le poids de me cacher un tel secret pendant des semaines, et l’angoisse de tout le monde ici de m’annoncer à mon retour que mon compagnon avait disparu. Je crois même que c’est ceux qui étaient là qui ont le plus souffert. Comment passer l’hiver sans cette boule de poils sur les genoux, comment va survivre la petite. Ils l’ont cherché sans relâche, ont téléphoné partout, sans que rien n’y fasse. Ils ont cru chaque jour qu’il reviendrait, mais finalement c’est moi qui suis revenue, et personne pour manger les croquettes restantes.
Un chat ce n’est pas juste un chat. Et surtout pas CE chat. C’était pour moi un précieux allié, plus qu’un ami, un des rares êtres vivants à qui je pouvais donner sans rien demander en retour, sans imposer les conditions de mon royaume. Il était un tuteur, il m’apprenait l’affection et l’amour que je suis incapable de donner aux gens.
« Son devoir était terminé élo, tu es devenue forte et tu n’avais plus besoin de lui pour te protéger ».
Petit félin de mon cœur, bienvenue dans le club très fermé des morts qui m’accompagnent.

Aucun commentaire: