Je
chercher, je cherche, je cherche, mais même en creusant: je ne tomberai pas
amoureuse ce printemps.
Même
si l’amour est une masse informe (et visqueuse) qui s’amasse au loin pour le
moment, le printemps est en train de lutter comme un acharné pour prendre la
place de l’hiver, et c’est un des plus beaux moments de l’année.
Personne
ne l’avait remarqué avant qu’il ne se mette à faire manifestement et
ouvertement beau. Pourtant déjà le magnolia blanc en bas était en boutons. Les
merles avaient recommencé un matin à chanter et A. et moi nous étions arrêtés
net dans notre élan devant cette sonorité inattendue, dont les dernières notes résonnaient
du fond de 2012 (ramenant avec elles un flot de souvenirs violents).
Suite
à cette avant-première, les choses sont allées très vite, et ont perdu de leur
exclusivité : les gens de la ville n’ont plus pu ignorer le changement, ils sont partis à la pêche aux moules moules moules. Du
soleil sur les terrasses, un monde fou en centre-ville. Des amoureux qui collent.
Des filles belles-moches qui font des activités nulles-ennuyeuses avec des
hommes fades-faux-jeton. Et ce juste parce qu’il fait beau et qu’il ne faut sous
aucun prétexte être seul dans cette vie.
J’attends
N. sur un banc au milieu de ce gentil petit monde qui s’allonge par terre et
qui jongle. Les couples s’aiment outrageusement sur les bancs, et je songe à
toutes celles que je ne serai jamais : cette fille qui tient son sac à
main dans le creux de son coude et son IPhone dans sa main ; cette fille sur les
genoux d’un jeune homme fou d’elle, cette fille les jambes croisées qui pianote
d’un doigt, cette fille qui s’arrête au milieu d’une allée pour embrasser quelqu'un.
Il
me faudra trouver un homme avec qui rester simplement assis sur un banc,
immobiles dans le soleil, chacun dans son roman. Un homme qui accepte de ne pas faire les brocantes sur les
quais main dans la main mais simplement côté à côté (ou même sans brocante).
Pourtant
j’ai de l’amour à revendre par containers de fret (ou peut-être même pas). Mais juste pas comme ça.
C’est
pas grave.
Je
fais des p’tits ronds dans le gravier du bout de ma Converse en attendant
qu’elle arrive. J’ai mes collants roses pour qu’elle ne puisse pas me louper
dans ce capharnaüm.
Ce que je ne sais pas à ce moment là, c'est que c'est ici un des dernier rayons de soleil des trois prochains mois... et qu'en plus de ça, elle s'en va.
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