Le
lendemain, j’ai presque deux heures à tuer dans une nouvelle ville, une vingtaine
de kilomètres plus loin. Déserte et bordée de pavillons bourgeois cette fois, bien
différente de Hambourg. L’Elbe est exactement la même que plus en amont, mais
ici un peu plus proche de la mer du Nord (à en croire un panneau explicatif
auquel je n’ai rien compris, il paraitrait qu’il y a des phoques). Il fait
chaud mais il pleut régulièrement pendant cinq minutes et j’hésite constamment
à enlever mon manteau qui vue la température parait inapproprié. Mais tout est
dans la grisaille (la « beigeaille » plutôt) et le vent remonte le
fleuve. Appuyée sur la rambarde de la jetée je suis en plein dans les embruns.
Un
cargo, probablement en provenance de la Chine comme les autres, s’apprête à
entrer dans le port en direction de la ville et je suis bien surprise de la
musique militaire d’accueil qui vient rompre le silence de ce milieu de
matinée. La musique est beaucoup trop forte et donne envie de fuir de la berge.
Les marins chinois doivent être amusés
devant ce folklore (ou peut être que c’est juste moi, et qu’en fait c’est tout
à fait banal). J’avais décidé d’économiser le papier photo mais je savais que
ce serait dur de faire des économies en voyage. Je sors quand même
« Pauline », appuie sur le bouton et regarde longtemps la photo entièrement
blanche où vont bientôt se révéler les rives de Wedel.
Je
lis mon livre (le premier à me plaire depuis que j’y ai perdu le gout, il y a
déjà des mois) sur un banc destiné je pense à l’attente du ferry. L’histoire me
fait voyager encore plus loin, mais mon esprit est toujours focalisé sur le
flux et reflux des vaguelettes le long de la plateforme. Je me vide la tête, je
n’ai plus peur de rien, je pourrais sans problème me débrouiller seule dans le
monde. Une fois mes cheveux entièrement emmêlés, je remonte la petite pente au
milieu de l’herbe en direction du grand café restaurant qui fait face à l’eau. Il
y a tellement de tables que je ne sais pas où m’installer. Je finis par choisir
au hasard, et attendre une grosse vingtaine de minutes sans que personne ne
vienne prendre ma commande. Je décide de quitter la terrasse pour entrer à
l’intérieur, où la vue est encore plus belle. Le restaurant semble hors de
prix, le service est distingué, on me sert un thé anglais dans une grande tasse
ornée d’un bateau argent, avec du sucre roux et un mini macaron (elle a donc
compris ma commande, ce qui vue la barrière de la langue n’était pas joué
d’avance). J’observe la complexe danse des drapeaux sur les mâts dont le capitaine
tire les ficelles. Ils se lèvent et s’abaissent, s’échangent, selon qu’un voilier
ou un bateau de marchandise passe.
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