mercredi 21 novembre 2012

Gentlemen



Parfois je prends conscience et je me demande où je suis allée dénicher des perles pareilles : les hommes (et les femmes, dans une moindre mesure) qui m’entourent sont des princes charmants. Jusqu’ici, j’ai eu la chance, le jugement, l’opportunité, le don, la bonne étoile, de m’entourer de plein de gens biens. Cerise sur le gâteau : ces gens ignorent leur valeur.
A tel point qu’ils sont tous malheureux.
Ils : me laissent leur lit et dorment sur le canapé, me prêtent leur manteau s’il fait froid, me laissent le cœur de leur artichaut, me tiennent la porte, me réservent le plus gros magret de canard, cassent la gueule de ceux qui me font du mal et leur crèvent les pneus (on peut aussi mettre le feu à son bureau si tu veux), achètent les croissants, me servent du Bordeaux, me font danser, me font rire et pleurer, restent à mes côtés si j’ai la grippe, me laissent du temps, me payent un verre, m’emmènent marcher, monter à la Bastille en téléphérique, cherchent des vols en montgolfières,  m’accompagnent aux meetings aériens, me laissent choisir les vacances, ne me réveillent pas le matin, vérifient l’invérifiable sans râler, me déposent quelque part alors que je pourrais passer le permis, me préparent à manger, me laissent gagner, disent que les poignées d’amour c’est mignon, acceptent des défis, me font un thé, me montrent des vidéos sexy, me laissent de la monnaie pour le tram, m’apportent mon repas devant l’ordinateur si je travaille, m’emmènent voir les animaux, à l’opéra, au théâtre, me laissent manger le burger offert au Mc do, piquer dans leur assiette quand je n’ai pas assez faim pour en prendre une mais que finalement si, me font des clins d’œil discrets, me protègent contre la foule, m’encouragent si j’ai peur, me font hurler si j’en ai besoin, m’expliquent les maths, consacrent leur vie à me rendre heureuse et me couvrir d’or.
Ils me portent un amour dont j’ignore la provenance (surement aussi le contenu), et que j’ai souvent l’impression de ne pas mériter. Mais pourquoi moi ?
Toute médaille n’a cependant jamais le dos nu. Le revers ici c’est que je rends tout le monde chèvre, sans rien y pouvoir, et ce même si je m’efforce  d’avoir un comportement exemplaire. Leur amour, je le leur rends : à égalité ou au centuple, selon les jours (je leur sers du Bordeaux, je leur de laisse de la monnaie pour le tram, je les laisse gagner etc.). Mais cela ne suffit pas. Ceux que j’aime finissent tous par être malheureux à mes côtés (et si tu m’aimes, prend garde à toi). J’ai un talent unique pour blesser malgré moi ceux qui comptent le plus, en ne faisant rien. Et les faire faner malgré mes efforts quotidiens pour leur apporter autant de soleil et d’eau que possible, même quand j’en manque cruellement.
C’est comme ça que je me retrouve avec une grande quantité d’or entre les mains, prête à tout faire sauter, avec autour de moi des amis désespérés qui ne veulent rien entendre de tout ce qui brille.

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