Parfois je prends conscience et je
me demande où je suis allée dénicher des perles pareilles : les hommes (et
les femmes, dans une moindre mesure) qui m’entourent sont des princes
charmants. Jusqu’ici, j’ai eu la chance, le jugement, l’opportunité, le don, la
bonne étoile, de m’entourer de plein de gens biens. Cerise sur le gâteau :
ces gens ignorent leur valeur.
A tel point qu’ils sont tous malheureux.
Ils : me laissent leur lit et
dorment sur le canapé, me prêtent leur manteau s’il fait froid, me laissent le cœur
de leur artichaut, me tiennent la porte, me réservent le plus gros magret de
canard, cassent la gueule de ceux qui me font du mal et leur crèvent les pneus
(on peut aussi mettre le feu à son bureau si tu veux), achètent les croissants,
me servent du Bordeaux, me font danser, me font rire et pleurer, restent à mes
côtés si j’ai la grippe, me laissent du temps, me payent un verre, m’emmènent
marcher, monter à la Bastille en téléphérique, cherchent des vols en montgolfières,
m’accompagnent aux meetings aériens, me
laissent choisir les vacances, ne me réveillent pas le matin, vérifient l’invérifiable
sans râler, me déposent quelque part alors que je pourrais passer le permis, me
préparent à manger, me laissent gagner, disent que les poignées d’amour c’est
mignon, acceptent des défis, me font un thé, me montrent des vidéos sexy, me
laissent de la monnaie pour le tram, m’apportent mon repas devant l’ordinateur
si je travaille, m’emmènent voir les animaux, à l’opéra, au théâtre, me
laissent manger le burger offert au Mc do, piquer dans leur assiette quand je n’ai
pas assez faim pour en prendre une mais que finalement si, me font des clins d’œil discrets, me protègent contre la foule, m’encouragent si j’ai peur, me font
hurler si j’en ai besoin, m’expliquent les maths, consacrent leur vie à me rendre heureuse et me couvrir d’or.
Ils me portent un amour dont j’ignore
la provenance (surement aussi le contenu), et que j’ai souvent l’impression de
ne pas mériter. Mais pourquoi moi ?
Toute médaille n’a cependant
jamais le dos nu. Le revers ici c’est que je rends tout le monde chèvre, sans rien y pouvoir, et ce même si je m’efforce d’avoir
un comportement exemplaire. Leur amour, je le leur rends : à égalité ou au
centuple, selon les jours (je leur sers du Bordeaux, je leur de laisse de la monnaie pour le tram, je les laisse gagner etc.). Mais cela ne suffit pas. Ceux que j’aime finissent
tous par être malheureux à mes côtés (et si
tu m’aimes, prend garde à toi). J’ai un talent unique pour blesser malgré
moi ceux qui comptent le plus, en ne faisant rien. Et les faire faner malgré mes
efforts quotidiens pour leur apporter autant de soleil et d’eau que possible,
même quand j’en manque cruellement.
C’est comme ça que je me retrouve avec
une grande quantité d’or entre les mains, prête à tout faire sauter, avec
autour de moi des amis désespérés qui ne veulent rien entendre de tout ce qui
brille.
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