jeudi 26 septembre 2013

Maeva comme un nénuphar



Cette semaine, Émilie a dit à T. : « Quand tu regardes Maeva, on dirait que tu regardes un nénuphar ». T. lui a demandé de s’expliquer. Elle a répondu « ben ouais mec, un nénuphar c’est une plante aquatique ! » « et alors ? » « ben je sais pas, c’est rare, quand t’en vois un t’es content ». Même s’il l’a d’une part mal pris, et d’autre part bien rigolé, je comprends complètement ce qu’elle a voulu dire. J’ai souvent eu l’impression pendant ces années qu’il me regardait effectivement comme un nénuphar. Je n’avais pas pu poser un mot juste dessus. Les autres non plus surement. Mais dans cette plante il y a tout : la fascination pour la fleur tendre qui éclot au milieu d’un environnement couleur de vase, cette grande feuille en forme d’assiette prête à tout accueillir comme une main ouverte. Les grenouilles, les libellules. Elle  s’épanouit dans un milieu marécageux, où l’on ne pense pas que la délicatesse puisse s’aventurer, mais elle y vient à pas feutrés. Et bien que la fleur prenne le soleil de plein fouet, tournée vers le ciel bleu, ses racines plongent dans le mal du fond de l’étang et puisent dedans la partie obscure nécessaire à toute vie. Des nutriments, des micro-organismes. Des algues gluantes et grouillantes. Le nénuphar semble flotter mais il est relié au fond par ce long fil comme un bras de méduse. Comme le ballon d’hélium au bout du bras de son petit propriétaire. Il oscille mais seulement dans une certaine fourchette, sa marge de manœuvre semble, de la rive, infinie. Pourtant il vit dans un périmètre restreint comme tout un chacun. Emprisonné dans le limon qui tapisse les bas-fonds. Et T. sans s’en rendre compte, observe cette rareté botanique avec l’œil brulant du naturaliste.  

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