Dans le train de
nuit qui me ramène chez moi, je commence à avoir de la fièvre, mais c’était à
prévoir. Mes pensées s’enchainent comme seules des pensées de fièvre peuvent le
faire. Il y a du monde. La peau claire de ma belle voisine ne laisse présager
aucune imperfection et ses jambes sont enlacées avec celles de son ami. Ses
paupières bleutées sont sereinement refermées. Les miennes aussi se ferment,
celles de tout le monde se ferment. Il n’y a pas un bruit alors que nous sommes
nombreux : il y a des gens debout dans chaque inter-compartiment. Drôle
d’atmosphère le train qui ronronne. Un moment que j’adore. Encore plus le matin
très tôt quand chacun s’étire, son café en ligne de mire, arrivé au terminus. Les
sons atténués et lointains me ramènent au ferry, aux paquebots que nous avons
souvent pris et qui s’étalent sur les eaux noires pendant que tous les passagers
dorment sur les sièges Pullman, ou s’accoudent aux rambardes dorées des bars. Dans
mes rêves éveillés, ma voix me dit en rimant que « je ressens de
l’attachement, avec des p’tits rubans, mais en haut les deux pans de tissus
flottent au vent ». Ils claquent au vent. Ils sont séparés et ils prennent
l’air indépendamment l’un de l’autre (bien qu’ils affrontent la même tempête).
Il n’y a pas de couture. Mais en bas, ces petits nœuds délicatement attachés
maintiennent un équilibre, fragile mais des plus heureux.
jeudi 26 septembre 2013
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